Artisans d’un rock mélancolique et humble, les Californiens font un retour inespéré avec un cinquième album pénétrant.
En 2012, pour le plus grand bonheur des amateurs de guitares rugueuses et de synthés planants, Grandaddy a annoncé sa reformation pour une poignée de concerts. Alors que beaucoup de groupes se seraient contentés de ressasser le passé, ces Californiens sont allés plus loin : leurs retrouvailles débouchent aujourd’hui sur un nouvel album, onze ans après le précédent.
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Pour autant, on n’avait pas perdu de vue Jason Lytle, chanteur et tête pensante du groupe, qui produit tous leurs albums et signe tous leurs morceaux. Quand le groupe se sépare en 2005, il continue à composer sous son nom et avec Admiral Radley. En 2016, on l’a croisé aux manettes du dernier album de Band Of Horses, ainsi qu’au sein du Color Bars Experience, fantastique projet en hommage à Elliott Smith qui l’a fait sortir de sa réserve : « Parfois, il faut savoir baisser la garde », confie-t-il.
« J’essaie d’avoir une vie normale »
Avec sa délicatesse habituelle, ce skateur et cycliste revient sur les étapes qui ont conduit à ce cinquième album.
« J’avais écrit des chansons qui auraient pu coller avec Grandaddy. J’ai du mal à m’éloigner de la musique. J’essaie de passer du temps dehors, d’avoir une vie normale, mais j’ai toujours besoin d’avoir des morceaux qui m’obsèdent. Ces dernières années, quand j’étais au lit, à réfléchir, j’imaginais à quoi pourrait ressembler un nouvel album de Grandaddy. »
Jason Lytle poursuit :
« Souvent, nos albums précédents étaient un peu en-dessous des idées que je visais, mais si on arrive à capturer quelques grands moments, je suis quand même satisfait. C’est le cas pour Last Place. Je sortais d’une longue relation dont j’étais devenu dépendant. Quand on est perdu en mer, on cherche au loin un port, un espoir vers lequel ramer.
Cet album, c’était presque une question de survie – même si cette formule est un peu nulle. Quitte à traverser une période de tourmente, autant qu’il en ressorte un peu de beauté. C’est ce qui m’a poussé à travailler dur pour exprimer tout ce que j’avais en moi. Les blessures ne se sont pas encore refermées », précise-t-il avec un sourire timide.
Grandaddy, intacte et inoxydable
Portée par cette voix bouleversante de sensibilité, la musique de Grandaddy naît de ce mélange entre aveux à vif et pudeur élégante. Les fans ne seront pas désorientés à l’écoute de Last Place.
Des instruments aux sonorités en passant par la pochette, cet album s’inscrit en toute harmonie dans la discographie du groupe. Mention spéciale au diptyque formé par This Is the Part et Jed the 4th, deux chansons aux orchestrations étonnamment ambitieuses, ourlées de violons vénéneux et d’un souffle puissant.
Mais Jason Lytle sait aussi convaincre avec une simple guitare acoustique et quelques bidouillages maison, comme sur le poignant Songbird Son qui vient conclure l’album en apesanteur, créant une proximité saisissante avec ses auditeurs. L’essence de Grandaddy reste intacte et inoxydable – notre amour pour le groupe aussi.
Concerts le 6 avril à Paris (Gaîté Lyrique, Arte Concert Festival), le 9 avril à Lille, le 10 juin à Nîmes (festival This Is Not a Love Song), le 8 juillet à Hérouville-Saint-Claire (festival Beauregard)
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