Premier album des héros de Hot Chip, dix ans après leurs débuts. Critique et écoute.
On le sait : la musique va désormais très vite, un single en chasse un autre, et on ne s’étonne plus de voir certains groupes sortir un, voire deux albums par an. Les membres de Gramme semblent avoir échappé à cette règle. À l’aube de sa formation au milieu des années 90, Gramme avait déjà eu le même problème : être à contre-courant de son temps et ses tendances. Signés sur le mythique label de Trevor Jackson, Output, les Britanniques avaient alors sorti une poignée d’ep et de titres où l’on reniflait aussi bien l’esprit des Mancuniens de A Certain Ratio et de Section 25 que la poussière du punk newyorkais – une marque de fabrique déroutante qui avait même fait dire au DJ Nathan Gregory : “J’adore votre groupe mais je ne sais pas si je dois danser ou pogoter !”
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Trop décalé par rapport aux musiques braillardes alors dominantes – le big-beat ou la britpop –, Gramme avait coulé, laissant pourtant derrière lui une brèche dans laquelle allaient par la suite s’engouffrer LCD Soundsystem et surtout Hot Chip, pour qui le groupe a été une pierre fondatrice.
Après plus de dix ans d’absence, les Londoniens devenus cultes brisent aujourd’hui le silence et reviennent enfin achever le chapitre initial de leur histoire avec le captivant et troublant Fascination, premier véritable album qui remonte le temps sans pourtant suivre de chronologie. Ici, on croise autant les lignes de basse sombres des rades crasseux de l’East Village des seventies (Cabvolt 38) que l’indolence funk des déglingués Happy Mondays (Fascination) et l’acid-house des soirées sans fin de l’Haçienda (Laugh out Loud). Les chercheurs sont formels : on a trouvé le chaînon manquant entre le son Factory et la pop anticrise de Hot Chip.
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