Originaires de New York, les quatre musiciens de Crumb sortent enfin leur premier album. A la fois rêveur, sombre, psychédélique et jazzy, le disque convainc de bout en bout.
Comme souvent, l’histoire de Crumb débute à l’université. Lila Ramani, Brian Aronow, Jesse Brotter et Jonathan Gilad décident un jour de monter un groupe et se mettent à répéter tous ensemble pour rythmer davantage leur vie à Brooklyn. Deux maxis ressortent de ces sessions et les placent d’emblée sur les radars de beaucoup de curateurs de la pop indépendante (que ce soit les médias, les playlists ou les chaînes YouTube, grandes prescriptrices en la matière).
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Une rondeur souvent paresseuse mais bienvenue
On attendait donc impatiemment de voir comment le quatuor new-yorkais allait évoluer, gérer le challenge que représente un premier long format pour des musiciens. Et force est de constater que le virage est parfaitement contrôlé sur Jinx. Leur dream pop lancinante, mêlée de jazz, se retrouve nimbée de nouvelles influences, d’ambiances assez inédites. L’album est superbement produit et s’écarte de l’aspect chill un peu lassant des sorties précédentes.
Si le spectre de Mac DeMarco continue à hanter la base rythmique de Crumb, à la rondeur souvent paresseuse (Cracking, M.R. ou Faces), le groupe semble avoir décidé de mettre en lumière son aspect psychédélique, notamment grâce à des effets et des sonorités neuves, souvent réverbérées ou noyées dans l’écho. Derrière son onirisme, la musique de Crumb recèle un aspect assez sombre, comme le sous-entendent la pochette et le titre du disque (“jinx” désigne en anglais une croyance populaire qui signifie “un mauvais sort”).
Et cette part d’ombre se retrouve notamment dans les paroles de Lila Ramani, partagées entre anxiété, mélancolie et introspection. Loin d’être dans l’auto-apitoiement, la jeune femme réussit à chasser ses idées noires grâce à un chant lascif, un peu traînant et aux vapeurs de mystère bienvenues.
Impossible de placer cet album dans une seule case
Pour affiner leur propos et leur volonté de perdre l’auditeur dans leur musique, les musiciens naviguent ici entre différents instruments : du saxophone dissonant (le superbe solo de Cracking), des synthétiseurs hypnotiques, des nappes d’orgue ici et là, des guitares surf (M.R.) ou aqueuses (Faces)… Malgré une orchestration parfois complexe, tous les morceaux qui composent Jinx sont parfaitement homogènes, et finalement remplis d’inventivité.
Comme beaucoup de leurs confrères, les quatre New-Yorkais mélangent beaucoup de styles différents ; et même avec la meilleure volonté du monde, on se voit dans l’incapacité de placer cet album dans une seule case et dans un genre bien déterminé. En à peine une demi-heure, Crumb parvient donc à livrer une première œuvre à la fois réussie et très personnelle.
Jinx (Crumb Records/Differ-Ant)
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