Lente et insidieuse, de la pop qui fait passer Mazzy Star pour la joie.
Leur premier album, acoustique et recueilli, avait été enregistré loin des civilisations, dans une cabane en rondins assiégée par la neige : exactement comme celui de Bon Iver, mais en nettement plus triste et inquiet. Duo franco-finnois à la beauté scandaleuse, Mi and L’Au retrouve cette volupté glacée, cette paix menacée, après un étrange passage par le blues des cavernes sur le très inquiétant Du lait versé sur les robes blanches (2008). La cabane en rondins a visiblement investi dans le luxe moelleux d’un canapé, dans des tentures de velours : toujours aussi solennelles, ces chansons étales accueillent aujourd’hui cordes, cuivres, harpe et piano pour des ballades fastueuses qui improvisent les noces de Leonard Cohen et de Mazzy Star. Elles qu’on connaissait fluettes, grelottant autour d’une bougie, gourmandes de silences et d’ongles rongés, sortent du bois avec une prestance, une élégance et une classe assez stupéfiantes. La faute à ces mélopées insidieuses, lynchiennes, qui dessinent en quelques accords impressionnistes des paysages illimités. Sur leur MySpace, Mi and L’Au affirment habiter entre Mars et le Sahara : c’est exactement ce que confirme ce chimérique album, désertique et habité. On ne voudrait pas avoir à sortir les armes, mais combien de temps faudra-t-il attendre avant que ce groupe somptueux soit enfin accueilli avec les égards dus à la beauté fragile de sa musique obsédante ?
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