Après trois mixtapes dévoilées chez les passeurs de La Souterraine, l’œuvre bordélique et bouillonnante du Valentinois se matérialise enfin dans un premier album.
Echantillonnant des bouts de musique depuis tout petit et sur toutes formes de supports, Nestor Gontard met en œuvre son amusement musical et vaguement clandestin depuis qu’il a un peu plus de 20 ans. Après avoir beaucoup (trop ?) observé et disséqué, à un âge où l’on est censé être acteur, lui vient l’urgence de gratter là où ça faisait mal, de mettre des mots sur des sons, et surtout sur ses troubles. Caché derrière son masque de lapin, ce chroniqueur part de l’intime, de la névrose personnelle (un amour perdu, une lettre à sa fille, un ami resté au bled) pour aller vers des névroses collectives plus engagées, y révélant un Gontard ! encore persuadé que l’on peut changer bien des choses positivement dans ce pays.
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Gontard ! baptise son album Repeupler, et on peut lire ce titre sous deux angles : l’un ironique qui se moque de “la France des épiciers” – celle qui ne parle presque plus de politique mais s’éclate à droite toute dans les urnes et qui nous met dedans depuis vingt ans –, et l’autre qui serait un message plein d’espoir, prêt à chasser le fatalisme avec une lampe-torche : plutôt que de passer des heures devant son miroir facebookien, en pleine blessure narcissique, pourquoi ne pas pousser la porte de nos centres sociaux, nos vieilles MJC qui sont en train de crever ?
Et c’est justement pour donner plus de résonance à ses paroles que Gontard ! les scande plus qu’il ne les chante, dans un talk-over qui ne laisse pas en reste ses mélodies. Compilant certains de ses meilleurs titres, revus et rejoués par un groupe de desperados (et invitant la guitare mandole d’un musicien algérien, star chaâbi des années 1970), ce premier album leur donne une nouvelle vie et développe un imaginaire social, politique et amoureux qui n’est rien d’autre que son histoire. Imprimée et accompagnée de collages dans un fanzine dédié de 24 pages, cette histoire prend tout son sens.
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