Fidèle à ses mélodies indociles, le producteur américain démonte le son sur un troisième album en forme de désordre nerveux.
Bric-à-brac foireux ou fulgurance géniale, les avis divergent au sujet de Gonjasufi et de ses premiers albums (A Sufi and a Killer et MU.ZZ.LE). Une chose est sûre, l’Américain parvient systématiquement à intriguer, à bousculer les vieilles habitudes d’écoute en troussant des liens entre un hip-hop abstrait et des folklores indiens, entre des plages de musiques électroniques bercées au psychédélisme moyen-oriental et de vieux vinyles de soul 70’s tordus avec un malin plaisir.
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Son dernier album, Callus, potentiellement le plus fou d’entre tous, confirme cette tendance irréductible. Enregistrés entre Las Vegas, le camp Atwater Village à Los Angeles et Joshua Tree, où il réside, les dix-neuf morceaux réunis ici encouragent une fois de plus le dérèglement des sens, impriment leur trouble en profondeur et affirment Gonjasufi comme l’un des génies créatifs les plus avant-gardistes des années 2010.
Les sceptiques peuvent bien ne voir en Afrikan Spaceship ou Shakin Parasites qu’un foutoir indigeste, c’est bien un nouveau tour de force sur le registre de la folie que réussit le Californien sur Callus. En refusant catégoriquement de calquer ses manières sur celles de ses aînés, mais en n’hésitant pas à solliciter leur contribution – cf. la présence sur trois morceaux de Pearl Thompson, guitariste des Cure –, Gonjasufi ne cesse d’outrepasser les codes et d’introduire en chaque genre musical des mutations génétiques improbables, soutenues par une évidente schizophrénie.
Il y a ainsi dans ce troisième forfait des mélodies parfaitement pudiques et déstructurées, des chants transcendés et subtilement détachés, des expérimentations de laborantins et de la sorcellerie pop, dont la seule unité est le savoir-faire sonore d’un musicien plus que jamais en roue libre.
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