Après sa lettre d’amour à Washington D.C., le rappeur revient avec un second album en forme de melting-pot réjouissant.
A la faveur d’un exceptionnel refrain de Brent Faiyaz sur le tube Crew, d’un Colors impressionnant de maîtrise et de collaborations avec Kaytranada ou Soulection, GoldLink semblait programmé pour tout casser. Mais malgré une nomination aux Grammy Awards, le rappeur de DMV (D.C, Maryland, Virginia) n’a pas profité de cet alignement de planètes : Brent Faiyaz se construit un succès d’estime, la chaîne YouTube berlinoise explose les compteurs, le producteur canadien continue sur sa folle lancée tandis que GoldLink stagne. Pourtant, pour peu qu’on ait tendu l’oreille sur son premier album, il impressionne. Renouvelant habilement le son de sa chère DMV, At What Cost replaçait la capitale américaine sur la mappemonde du rap aux côtés d’Atlanta, Houston, LA ou New York.
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Sur son second disque, D’Anthony Carlos, son vrai nom, s’extirpe de cet ancrage urbain et intime au profit d’une exploration des musiques noires, et plus largement de celles issues des diasporas, à travers le globe. Invitant des artistes venus du monde entier, Diaspora est une assertion virtuose et récréative sur notre monde globalisé.
GoldLink n’est pas la star de son propre album
Récréatif car, malgré un sujet moderne et complexe, GoldLink ne perd pas de vue le principal objectif de son album : rendre honneur à ces cultures en enfilant les tubes. Sur Diaspora, GoldLink se permet même de ne pas être la star de son propre album.
Préférant laisser briller ses invités tant au chant qu’à la production, il s’efface au profit d’une idée plus grande que lui comme sur Joke Ting porté par le chant aérien d’Ari PenSmith ou More emmenée par Lola Rae.
Partagé entre afrobeat, trap, reggae, dancehall, soul, l’album fait montre d’une aisance affolante. Qu’il s’agisse des réminiscences du riddim de Murda She Wrote sur Yard en collaboration avec Haile du groupe anglais WSTRN, de Spanish Song qui aurait sa place dans le bar latin du clip de Señorita de Justin Timberlake, de l’instru viciée de No Lie avec la star nigériane Wizkid ou du méchant Cokewhite en featuring avec l’inénarrable Pusha T, Diaspora vogue de culture en culture comme si l’Afrique, les Caraïbes, l’Angleterre et les Etats-Unis n’étaient séparées que par quelques encablures.
Avant la sortie surprise de Diaspora, U Say et Zulu Screams, singles envoyés en éclaireur, traduisaient déjà cette folle ambition. Celle d’un disque où des stars comme Tyler, The Creator se mettent au service d’une vision globale. Celle d’un disque où un rappeur de Washington, un chanteur nigérian (Maleek Berry) et une Allemande d’origine maroco-haïtienne chantant en lingala (Bibi Bourelly) signent l’un des plus beaux tubes de l’année.
GoldLink Diaspora (RCA/Sony Music)
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