Une salle conquise et une balade dans la nature agrémentée d’electro, classe et majestueuse. Récit.
Rares sont les concerts parfaits. Il y a cependant toujours quelque chose dont on se souvient même longtemps après : le charisme de l’interprète, le jeu de lumières saisissant, l’émotion véhiculée par la voix, la pureté vocale, la présence scénique. Concevoir le concert parfait est une bonne manière d’imaginer le soir du 16 avril 2008. Avec Goldfrapp, l’inquiétude est forcément limitée : on se souvient d’une voix, pure et puissante, on se souvient de jeux scéniques, certes efficaces mais fort cadrés.
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Lors du seul concert en France pour la tournée de Seventh Tree, à Paris, après un set essentiellement acoustique de Syd Matters, tout en folk calme et hors du temps, c’est un mélange étourdissant : une douce ivresse nous saisit, et on se surprend à écarquiller les yeux et à se laisser entraîner dans l’univers de miss Goldfrapp. Un univers folk et pastoral, aux couleurs du dernier album, où le spectateur n’est plus tout à fait certain d’être sur Terre.
Il est pourtant 21h au Casino de Paris et cinq musiciens – on notera d’ailleurs l’absence de Will Gregory – tout de blanc vêtus s’approchent. Curieux mélange des styles, à la fois médiéval, féérique et saltimbanque, confirmé par l’apparition d’une Alison Goldfrapp aux boucles dorées de fée, aux chaussures de lutine et à la courte robe rose à pompons, sorte de Colombine affriolante. Et telle l’amoureuse taquine d’Arlequin, Alison va nous apparaître tantôt ingénue, tantôt joueuse. [attachment id=298]A l’étonnement général, le concert débute par le planant Paper Bag, tiré du premier et plus bel album de Goldfrapp à ce jour, Felt Mountain, suivi du premier single du nouvel album, A&E. Mais c’est avec l’incomparable et enivrant Utopia qu’on se sent pleinement décoller vers des cieux oubliés, remués au plus profond de notre âme, suspendus à la voix cristalline d’Alison, auréolée d’une somptueuse lumière. Le public, conquis par avance il faut le dire, est émerveillé et ses réactions semblent toucher la peu communicative Alison. La magie opère encore avec les violons de Cologne Cerrone Houdini avant que nous ne soyons déboussolés par Satin Chic, qui apporte sa touche cabaret et electro à un show décidément surprenant, qui se poursuit avec une version adoucie de You Never Know. Alison sourit malicieusement. Habituellement hautaine, sensuelle et ambiguë, la voici rayonnante et presque détendue. Quatre chansons plus acoustiques suivent, le vaporeux Road To Somewhere, Eat Yourself, le psychédélique Little Bird – qui rappelle furieusement Cocteau Twins période Heaven – et Monster Love. Question de défendre un nouvel album certes un peu champêtre mais qui s’épanouit sur scène. On quitte ensuite l’ambiance champêtre pour le dancefloor avec Number One puis le très bien accueilli et affolant Strict Machine. En rappel, quatre titres bien choisis : l’entraînant Caravan Girl, le cultissime Ooh La La dans une version épurée, Happiness – histoire de vérifier qui avait bien appris la sautillante chorégraphie du clip – et Some People. Il est alors temps de quitter la salle, des étoiles plein la tête après ce show majestueux.
(Photos : Rabbit on Ecstasy // KsP)
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