Défroqué du punk-rock, un vieil ours arpente l’americana.
Chuck Ragan n’est sans doute pas le songwriter le plus imaginatif qu’on ait croisé. Ça n’empêche pas la musique de ce Matthew Fox des prairies de transsuder d’une ardeur et d’un magnétisme plus enthousiasmants que la plupart des chansons innocentes ou spécieusement apprêtées de l’americana contemporaine. Il faut dire que ce Floridien de souche est allé à bonne école du temps où, au sein d’Hot Water Music et en parallèle d’Against Me!, il établissait Gainesville comme la capitale d’un punk-rock brut, crûment mélodique et conscient à la fois de son présent (politique, affectif) et de ses racines (artistiques, historiques).
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Des qualificatifs applicables tels quels à Gold Country, deuxième album où la plume instinctive et la voix de grizzly de Chuck Ragan sont à l’origine de bien des miracles, comme changer en violoniste subtil un trucker dont la barbe doit dissimuler des restes d’enfants (Jon Gaunt, épatant des doigts jusqu’aux jambes) ou chanter la guerre sans nous arracher des soupirs de lassitude (Get’em All Home). Et tant pis si la critique ne daigne ériger ses disques au rang de “gold standards”, du moment qu’ils ne cessent d’abonder de pépites aux refrains tendus (Done and Done), aux accords éloquents (Rotterdam) et aux arrangements campagnards émérites (10 West).
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