Un songwriter délicat remet l’imagination et la sensualité au pouvoir.
Il n’y a rien de plus triste que d’entendre un instrument qui s’ennuie. C’est un sentiment pénible, qui revient hélas souvent à l’écoute de certains singers-songwriters : trop occupés à soigner leur voix et leurs mots, ils en oublient d’honorer leur guitare, qu’ils tripotent mécaniquement, sans imagination ni passion. Repéré dans quelques groupes de post-rock déviants (Karate, Secret Stars), l’Américain Geoff Farina, lui, est profondément amoureux de sa six-cordes. Portés par une virtuosité qui se refuse à toute démonstration, les justes élans de son cœur transforment ce recueil de ballades en expérience sensuelle de premier ordre. Comme ses deux partenaires (le guitariste Joshua Larue et le batteur Luther Gray III), cet homme féru de jazz, de country et de folk n’utilise pas son riche bagage technique pour compliquer la musique, mais pour clarifier au contraire une pensée dédiée à l’invention harmonique et à la délicatesse mélodique. Alliant précision et tendresse, son chant décuple les capacités poétiques d’un disque qu’on inscrira volontiers parmi les plus franches réussites du songwriting américain.
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