Après le carton de leur premier album, les Anglais sont de retour avec « How to Be a Human Being », où ils racontent la vie des gens qu’ils ont croisés pendant deux ans.
« Chaos.” C’est le mot qui ressort quand on demande aux garçons de Glass Animals de synthétiser les deux dernières années. Ils parlent tous en même temps, racontent sans cesse des anecdotes, des souvenirs, font des blagues lourdingues et se perdent dans les méandres d’une vie qui a changé récemment. Dans les bureaux français de leur label, calés au bord du canal Saint-Martin, à Paris, ils tentent de débriefer. Mais la tâche est rude : alors qu’ils publient leur deuxième album, ils ont encore du mal à réaliser le succès du premier.
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« L’expérience de la scène nous a permis de nous libérer »
Paru à l’été 2014, Zaba s’est vendu à près de 500 000 exemplaires, a provoqué quelque chose comme 200 millions de clics sur Spotify et a fait tourner le groupe partout dans le monde, parfois dans les plus grands festivals (Coachella, Lollapalooza, Glastonbury…). Qu’est-ce qui prédisposait Glass Animals à un tel succès ? Rien du tout. C’est le parcours à la fois classique et inattendu d’un jeune groupe d’Oxford (ils n’ont même pas 25 ans) faisant parler de lui par le bouche à oreille, puis s’invitant dans les TL jusqu’à percer la fine bulle de la hype, et ainsi croiser la route d’un public de plus en plus large.
“C’est ma mère qui a tout acheté”, plaisante Dave, qui écrit, compose, produit, chante et joue de la guitare. Plus sérieux, il poursuit :
“Le succès du premier album nous a donné la liberté de faire ce qu’on voulait sur le deuxième. On n’a pas du tout essayé de faire quelque chose de plus pop, comme font certains pour continuer d’exister. Au contraire, Zaba était sans doute trop timide, trop clinique, trop réfléchi. L’expérience de la scène nous a permis de nous libérer et d’aller plus loin musicalement.”
Un album en forme de nouvelles
La suite s’appelle How to Be a Human Being, deuxième album qui suit deux mouvements. Le premier, musical, continue de creuser le sillon d’une pop déglinguée aux influences hip-hop et psyché. Le deuxième, lui, relève de l’écriture. Pendant deux ans, Dave a recueilli les histoires des gens qu’il croisait. En documentaliste du banal, il a demandé à des amis d’un soir, à des fans, à des chauffeurs de taxi, à des inconnus, bref, à n’importe qui de lui raconter des morceaux de vie.
“J’ai accumulé des heures d’enregistrements, raconte-t-il. A chaque fois, il y avait des histoires dingues, émouvantes, tristes ou juste bizarres.”
A la suite de quoi il s’est enfermé pendant une semaine, une fois la longue tournée du groupe terminée, pour mettre au propre ces histoires et en faire des chansons. En les mêlant à un imaginaire personnel et même à “des éléments autobiographiques”, Dave s’est imaginé scénariste pour écrire cet album en forme de nouvelles, ou plutôt en forme de manuel surréaliste à l’usage de l’apprenti humain : How to Be a Human Being, donc.
Le tout a été produit par Dave lui-même avec le support de Paul Epworth, producteur à succès ayant bossé avec Adele, Florence And The Machine ou encore Paul McCartney, et par ailleurs à la tête du label Wolf Tone, sur lequel est signé Glass Animals.
“C’est génial de faire confiance à quelqu’un comme Paul. Il nous guide, nous donne des conseils, des avis, mais nous laisse toujours la liberté de prendre les décisions. C’est le meilleur !”, s’excite Dave.
Voix audacieuses et langueur sauvage
Avec un son bien rond et chaud, Glass Animals accouche ainsi de bizarreries pour jeu vidéo perché (Season 2 Episode 3), d’envolées rêveuses à la limite du lyrisme (Youth, The Other Side of Paradise), de variations de voix audacieuses (Pork Soda, Cane Shuga, Agnes), de choses moins synthétiques aussi, presque rock (Take a Slice, Poplar St.), et d’un single bien senti (Life Itself), dont le clip a dépassé le million de vues sur YouTube.
Le tout avec une sorte de langueur sauvage – qui devient la marque de fabrique du groupe – et un phrasé bien particulier, à la fois doux et saccadé, ultra précis, très technique, plus proche du flow que du chant à proprement parler.
Pour le reste, Glass Animals se projette déjà dans le futur. Les garçons se mettent à envisager un album live (“Une tournée, ça change complètement ton rapport à la musique”, estime Joe, le batteur) et veulent multiplier les collaborations au plus vite (ils ont publié un feat avec Joey Bada$$ l’année dernière). Et surtout, ils veulent ne pas changer certaines choses. Joe : “On est toujours aussi potes et nos priorités sont toujours les mêmes : se bourrer la gueule ensemble !” Ainsi soit-il.
Concert le 2 novembre à Paris (Elysée Montmartre)
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