Revenu de l’enfer, le joyau pop-rock du plat pays a retrouvé tout son éclat. Rencontre.
Tel le phénix, Girls in Hawaii renaissait de ses cendres à la rentrée. Trois ans après le décès de Denis Wielemans – membre-fondateur, batteur du groupe et frangin d’Antoine, le chanteur – dans un accident de la route, le sextet brabançon opérait un retour aux affaires attendu mais inespéré. Longtemps, on les a cru définitivement perdus. Pourtant, avec deux nouveaux visages dans les rangs, une envie d’en découdre sur scène et un nouvel album aussi nostalgique que mordant, la bande reprend la route avec son baluchon. Les Girls ont semble-t-il quitté Hawaii pour s’attaquer à d’autres sommets. Everest à l’horizon, les petits scouts sont devenus de grands aventuriers.
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Au gré de leurs pérégrinations, nous avons pu intercepter Antoine Wielemans et Lionel Vancauwenberghe à L’Union, vieux troquet bruxellois de St-Gilles où ils avaient jadis leurs habitudes, le temps de quelques discussions, d’une mousse et d’un potage aux champignons.
Vous visitiez l’Asie récemment?
On a juste fait trois dates en juin. C’était le principe des fêtes de la musique, exporté dans toute une série de pays, et on nous a proposé d’y jouer en Chine. Une fille qui nous connait, adore le groupe et qui bossait à l’Alliance française nous a goupillé le truc… Leur mission consiste à exporter la culture française à travers le globe.
…et visiblement aussi les Belges qui chantent en anglais.
Disons qu’on est en licence chez Naïve pour le monde hors Bénélux, donc on est parfois assimilé à un groupe français… Quand ça nous arrange. Là, il s’agissait de trois concerts dans trois villes, chaque fois sur des places publiques et des scènes en plein air… avec plein de Chinois. Sur la plus grande, ils étaient 6000 quand même. On avait aucune info avant de partir, on pensait jouer dans des petits clubs, donc on a un peu halluciné.
C’était assez grandiose en fait. Et les gens vous connaissent un peu là-bas?
Du tout. Quelques expats à la limite, ou des gens de l’ambassade, mais c’est tout. D’autant qu’ils n’ont pas accès à grand chose avec tous les pares-feu qui balisent le web en Chine. Niveau culture occidentale, à part Coldplay, je ne crois pas qu’ils connaissent grand chose là-bas (…) Ils flashaient surtout de nous voir avec des barbes ou des cheveux blonds… On nous a pris en photo parce qu’on était blond, c’est pas une blague.
Désormais vous (re)partez à la conquête de l’Hexagone…
Et ça marche pas trop mal, on est assez content de l’accueil du disque. Le premier avait bien marché sur base d’un ou deux morceaux et du buzz de la nouveauté. Pour le second par contre, on avait bien ramé. Il sonnait moins pop ou trop indie, les radios françaises ne voulaient pas le passer. Comparé à internet, ce n’est plus vraiment un terrain de prédilection pour nous. Mais, passer en radio, c’est utile pour jouer dans de gros événements comme les Eurockéennes par exemple. Ça reste décisif pour les programmateurs de festival.
Et le cinéma ça aide? Joana Preiss qui danserait seins nus sur un de vos morceaux dans un film de Christophe Honoré par exemple ?
C’était bien ça, effectivement… Le morceau c’était Flavor, dans le film Dans Paris. Ça s’est fait via notre éditeur, et ça ne payait pas grand chose si je me souviens bien. Cinéma d’auteur, public restreint… Souvent, plus c’est intéressant, moins ça rapporte. Mais au niveau fierté personnelle, ça le fait. C’était presque un clip. Là, le morceau Misses va d’ailleurs être utilisée dans un film italien prochainement. Le temps d’une longue scène, pareil.
Il a été question d’enterrer le groupe à un moment?
Pas vraiment, ni de changer de nom… Le jour où Denis est mort, par définition, le groupe n’avait plus de sens. Il ne pouvait retrouver sens que si une nouvelle envie, de nouveaux morceaux, une autre énergie arrivaient à un moment donné. Y’a juste eu deux ans de silence, puis une année de phase exploratoire, juste pour voir. Les répèt’ c’était dur, la reformation c’était dur… Le déclic est arrivé tard, et le double sold out Cirque royal/AB quasi instantané a dû jouer. C’était enfin concret. L’arrivée de Boris(Gronemberger) à la batterie et de François (Gustin) aux claviers aussi. Personne n’aurait voulu retourner en studio avec l’impression que c’était pareil, que rien n’avait changé. La France, la Chine, l’Everest. Et des lives plus électriques…
Vous avez réajusté vos ambitions avec ce 3ème disque?
On habite beaucoup plus physiquement nos prestations sur scène aujourd’hui… Parce qu’on s’est affranchis de beaucoup de trucs, à commencer par les visuels qui nous écrasaient à force pendant les concerts. Puis, il y a des raisons symboliques à ça bien sûr. Et un souci de continuité aussi malgré tout. À la fin de la seconde tournée, avec ce deuxième disque un peu «gueule de bois», on voulait déjà partir vers quelque chose de plus lumineux et aérien. Un disque moins recueilli, plus positif peut-être…
Misses, Not Dead, We Are the Living… Un peu morbide quand même. C’était nécessaire pour exorciser?
Pas forcément nécessaire non, mais ce n’était pas possible d’écrire sur autre chose que ça. Et une bonne manière de le faire était de garder ce cap et ces envies de disque solaire sur la forme, tout en conservant un fond parfois un peu plus lourd. Garder cette énergie, et s’en amuser sur scène. C’est le plan.
Après une furtive mais remarquée sortie au plat pays (une prestation très rock en août dernier au Pukkelpop, NdlR.), un Trianon sold out depuis un bail accueillait les Belges à Paris la semaine dernière. Dans la foulée, la bande poursuivra sa tournée à travers la France en ce début décembre, de Montpellier (le 3) au Grand Mix de Tourcoing (le 7), en passant par Feyzin (le 4), Strasbourg (le 5) et Dijon (le 6).
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