Défricheur de talents depuis sa création en 2002, le label parisien Kitsuné sort sa nouvelle compilation Maison 3 qui se fait une jolie vitrine de la nouvelle scène electro-rock qui affole les dancefloors. Retour sur la belle aventure avec ses fondateurs Gildas Loaec et Masaya Kuroki qui nous ont, pour l’occasion, apporter un mix retraçant leur nouvel compil’
Comment s’est monté Kitsuné ?
Le label a commencé avec la compilation Kitsuné Love. L’idée était de demander aux artistes qu’on aimait bien de nous faire un morceau sur un de thèmes favoris, l’amour. La compilation a plutôt bien marché et de fil en aiguille, on a sorti des maxis extraits de la compilation et ça nous a donné envie d’en faire une deuxième, Kitsuné Midnight, puis une troisième Kitsuné X. Le label a alors commencé à avoir une certaine visibilité auprès des distributeurs, des magasins, et des DJ’s. On a alors fait Kitsuné Maison qui regroupe nos maxis vinyles.
A l’époque on demandait des morceaux inédits, ce qui est toujours le cas si ce n’est que maintenant, on reçoit tous les jours de la musique et on est très sollicités pour sortir des artistes dans des styles très différents. L’idée du label était de rester ouvert à la dance, à la pop et au rock, ce qui est toujours l’idée. On travaille des chansons qui puissent toucher le plus de gens possibles. Pour nous, Franz Ferdinand c’est de la dance. Ce qui nous intéressait et que ne font pas d’autres labels, c’était de réunir différents artistes sous un thème, et non développer un artiste, l’emmener en studio le travail habituel des autres maisons de disques. Ce qui est une bonne chose en soi mais qui est une vraie responsabilité difficile à assumer quand on démarre. On a juste souhaité être une étape dans l’évolution d’un artiste.
N’êtes vous pas frustrés de voir certains des artistes passés par Kitsuné grandir ailleurs ?
Maintenant que le label est connu dans le monde entier, et qu’on se rend compte qu’on a été les premiers à sortir un maxi des Klaxons ou le premier album de Hot Chip, on voit bien que ce sont des groupes qui ont une existence réelle, qui ont le potentiel de faire des albums et qui peuvent intéresser le grand public. C’est pourquoi on s’occupe du groupe Digitalism dont on va sortir l’album dans le monde en mars avec EMI. On travaille aussi avec Simian Mobile Disco, avec les Suédois de Fox’n’Wolf, avec un groupe anglais de rock, les Cazals’ On est leur label et l’intermédiaire numéro un. On le fait car on se sent plus prêts et on a les moyens financiers de le faire. Organiser des concerts, faire connaître un artiste, c’est beaucoup de temps, d’énergie, ça demande une connaissance du métier ainsi que des moyens.
Est-ce le fait que vous ayez plusieurs activités (label, ligne de vêtements, studio graphique) qui vous garantit une sécurité économique ?
Tout est lié entre la musique et l’activité de ligne de vêtements. A l’intérieur de nos compilations, on place un petit catalogue de nos vêtements. On fait aussi beaucoup les DJ’s dans les pays où sortent nos disques (Allemagne, Angleterre, Japon, Etats-Unis) ce qui nous permet d’aller rencontrer des propriétaires de boutiques dans la journée. Ces interactions nous permettent de placer des vêtements dans des villes où nous jouons. Le disque a permis de travailler la ligne de vêtements et maintenant, la vente de vêtements permet de financer la signature des groupes. On essaie de faire des disques tout aussi sérieusement que les vêtements où on a mis du temps pour trouver les bons partenaires, la bonne matière, les bonnes coupes, les bons concepts’
Le fait d’avoir ces différentes activités est un plus pour l’image au Japon contrairement à la France où certains nous demandent quelle est notre véritable activité. Ça fait quatre ans qu’on a démarré en tant que label et peut-être qu’il nous faudra encore deux ans pour obtenir une vraie légitimité, quand on se rendra compte qu’on a été les premiers à signer tel ou tel artiste. L’idée est d’être toujours là dans quatre ans.
Comment décririez-vous la nouvelle scène dont la dernière Kitsuné Maison se fait le reflet ?
Ils sont juste une bonne bande de potes. Le NME parle d’une nouvelle scène rave mais quand on voit comment ils écrivent, ils s’adressent aux kids, ils se sentent par exemple obligés de rééxpliquer qui est Kraftwerk On sent donc qu’ils ont besoin de mettre un tampon « rave » pour expliquer le mouvement aux jeunes lecteurs. Mais il existe une vraie nouvelle scène club dont le représentant le plus frais sont les Klaxons, par rapport à ce côté punk, mais aussi pop car chanté, écrit. Avec un côté dance, rave Mais il ne faut pas mettre dans le même panier Simian Mobile Disco, Digitalism, The Whip, Does It Offend You, Yeah ? ils sont tous différents, ont chacun leur style.
Comment expliquer ce retour à l’electro-rock ?
Pendant longtemps, les mecs ont été à fond dans le rock, la pop Là, d’autres ont envie de revenir à des trucs electro. Dans ce mélange electro, pop et punk, les Klaxons sont ce qu’il y a de plus frais, mais c’est aussi ce que faisait Prodigy
D’autres vont vers le breakbeat à l’anglaise, reviennent au punk. D’autres vont vers le gothique avec des claviers assez rave comme The Horrors. Le dénominateur commun, c’est le style, chacun arrive à trouver son identité.
On vous sent beaucoup d’affinités avec le label australien Modular.
On s’entend très bien avec eux, ils ont Cut Copy, Wolfmother, New Young Pony Club, sans parler des Yeah Yeah Yeahs, Leur seul problème c’est qu’ils sont en Australie Mais si on devait parler de scène, c’est là bas que ça explose avec les Valentinos, K.I.M., les Presets, les Midnight Juggernauts, Cut Copy, Van She, Back Riders’
Et l’Allemagne dans tout ça ?
On travaille avec Digitalism qui vient d’Hambourg ainsi qu’avec Boys Noize. La scène electro allemande est sympa mais elle tournait en rond dès le début. On a parfois l’impression que c’est de la musique au kilomètre. Heureusement que tu as des gens comme Villalobos ou Isolée qui ont un style unique. Mais cette musique ne nous a jamais fait rêver. C’est un son qui marche en Allemagne car les clubs n’ont pas de limitateurs de son et la techno minimale s’écoute en poussant les basses, elle prend donc une autre dimension en club.
On vous sent défendre une musique de club qui tienne la route à la maison ? C’est possible ?
C’est le but de nos compilations : une compile club à écouter à la maison. Un groupe a démontré que c’est possible : Daft Punk ! Ce sont les meilleurs et de nombreux plans leurs sont piqués dans la nouvelle scène. Chemical Brothers, Underworld, Basement Jaxx, ont sorti leurs grands albums il y a huit ans ou dix ans’ Ce cycle correspond à un besoin général d’avoir de nouveaux groupes pour les festivals, les magazines, les radios’ De l’espace s’ouvre pour une nouvelle scène.
Découvrez la nouvelle compilation Kitsuné Maison vol.3 avec un mix des morceaux qui la composent, le tout orchestré par Kyste.
Tracklisting Kitsuné Maison 3
01. I Believe SIMIAN MOBILE DISCO
02. Frantic THE LOVELY FEATHERS
03. Trash THE WHIP
04. Youth Alcoholic FOX N’WOLF
05. Gravity Rainbow Van She remix KLAXONS
06. Home Wit U FREEFORM FIVE
07. Feel Good (TV=Off) BOYS NOIZE
08. In The Way of Control Soulwax Nite Version GOSSIP
09. Motorcycle Wet Clutch Short edit ALEX GOPHER
10. Galactic Lover THE WORLD DOMINATION vs ADAM SKY
11. The Teatment Metronomy remix DEAD DISCO
12. Kafka Bag Raiders How’d Ya Like It At Five remix THE VALENTINOS
13. I Love You All The Time OH NO! OH MY!
14. Done With You THE WHITEST BOY ALIVE
Avec l’aimable autorisation de Kitsuné