« Ghost Stories », le nouvel album de Coldplay, devait être celui de la renaissance. Mais, malgré de rares bons titres, il déçoit et frise le mauvais goût.
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Quinze ans après ses débuts, Coldplay sort ce printemps Ghost Stories, un sixième album qui succède au très platiné et bodybuildé Mylo Xyloto. Pour assurer sa production, le groupe a fait appel au réalisateur à succès Paul Epworth (Adele, Foster The People) et a aussi invité pas mal de monde – Avicii, Timbaland, Madeon – à peaufiner les arrangements de ses morceaux. Le disque, qui a été inspiré à Chris Martin par sa longue histoire et sa rupture avec l’actrice Gwyneth Paltrow, était annoncé comme celui du retour à une écriture personnelle, plus épurée et plus sobre, en rupture (décidément…) avec la pop flamboyante et épique des derniers travaux du groupe.
le souci
Chris Martin, n’en déplaise aux médisants, reste une des plus belles voix pop du Royaume-Uni. D’abord les bons points donc : sur Ghost Stories, l’Anglais chante toujours aussi bien (le charmant Always in My Head ou le très beau Oceans, que Martin interprète, sans effets ni artifices, avec la grâce des premiers jours). Hélas ces morceaux se perdent dans une succession de titres moyens, où le groupe semble souvent jouer à pasticher les autres : on pense à Bon Iver sur Midnight, à Radiohead dans les basses sourdes de Magic, à Sébastien Tellier sur True Love… Cela passerait encore si Coldplay ne commettait l’irréparable avec A Sky Full of Stars : le songwriting touchant hérité du U2 d’hier a laissé place à de l’eurodance taillée pour des pistes d’autotamponneuses. Le titre, qui a bénéficié de la vilaine participation du DJ Avicii, évoque autant Maroon 5 que le Believe de Cher : ça va pas la tête.
le symptôme
Parce qu’il est le premier disque du groupe depuis la séparation de Chris Martin et Gwyneth Paltrow, on espérait un peu bêtement de Ghost Stories qu’il s’inviterait dans la catégorie des chefs-d’œuvre post-chagrin d’amour, façon Blood on the Tracks de Bob Dylan ou For Emma, Forever Ago de Bon Iver. Raté. Au final, Ghost Stories ne s’invite nulle part, si ce n’est dans la catégorie des disques qui donneront du grain à moudre aux (dé)tracteurs du groupe. En offrant ses chansons pop à des producteurs house et electro, Coldplay semble ne plus vraiment savoir où est sa maison, agençant un disque tantôt sobre, tantôt pompier, qui souffre du nombre de ses convives… Dommage, car on décèle encore parfois, au hasard d’une ligne mélodique ou d’un refrain, la grâce de Chris Martin, musicien capable de grandes choses, mais dont le talent reste hélas trop caché aujourd’hui.
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