Le nouveau disque du chanteur mystérieux n’est pas vraiment son chef d’oeuvre.
Ce bon gros album majestueux croise plusieurs disciplines artistiques. On y utilise en effet les dessins de Brantonne, illustrateur patenté des romans d’anticipation qui firent, des décennies durant, le bonheur des halls de gare, et en particulier d’Opération Aphrodite, du distingué ufologue Jimmy Guieu. Le conte galiléen d’amours sulfureuses de Pierre Louÿs, spécialiste salué, avec Les Chansons de Bilitis, de cet érotisme décadent à dominante antique qui affriola la fin du XIXe siècle, en constitue l’ossature. Manset, septuagénaire discret de la chanson française, qui déroule ici son vingt et unième album, après huit ans de silence – hormis la reprise de certains de ses titres dans Un oiseau s’est posé, en 2014 –, y compose, réalise et interprète comme à l’accoutumée.
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Et s’octroie des déflagrations créatives entre les mots dits et ses chansons, s’enroule dans un rêve afghan (Landicotal) ou laisse retentir les harmonies d’un luth et de cuivres triomphants dans ce péplum sonore. La plupart du temps en mode talking blues (les presque huit minutes de l’infini réquisitoire Comme un arbre ses fruits, déploration parfois ambiguë de l’Epiphanie perdue), le chanteur s’autorise quelques indulgences d’écriture inhabituelles. En compensation, une grandiloquence en seconde nature illumine les meilleurs moments d’un disque où l’auditeur perd souvent ses repères. Un bien ou un mal, c’est selon.
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