Les quatres Britanniques sont de retour avec une pop triomphale, variant entre murmure et mur du son. Critique et écoute.
Sur leur énigmatique chanson Electric Guitar, les Talking Heads chantaient : “Someone controls electric guitar”. Et parfois, la guitare électrique échappe au contrôle, se cabre et disparaît : elle n’appartient plus alors au moindre troupeau. Ils sont ainsi quelques-uns en Angleterre, même sans compter encore et toujours sur les tempêtes cérébrales d’Oxford (Radiohead, Foals), à s’interroger sur l’utilisation, voire l’utilité, de la guitare électrique dans la musique rock de 2015.
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Ça tombe bien : la guitare de Gengahr, que l’on avait croisé l’an passé au festival les inRocKs Philips sur la scène d’une Boule Noire bondée, a beaucoup à dire mais sans crâner, sans chichiter, sans se pignoler dans sa barquette. Sur des chansons en dégradés, ces quatre Britanniques jouent nettement plus complexe que compliqué, cherchant un outre-ici, un au-delà à une pop anglaise qui croit depuis trop longtemps que son futur est hier, abrutie de vieilles recettes.
Comme beaucoup de ses jeunes et irrascibles compatriotes, cette pop sait passer du murmure au mur du son en un coup de sabot – ce n’est ni nouveau ni malin, mais c’est utilisé ici avec parcimonie.
Car les chansons de Gengahr, sous leurs airs innocents et dépouillés, sont à l’évidence tendues par le conflit du songwriting, tiraillées par ces tourbillons de désirs et d’hormones qui font la gloire et les drames de l’écriture anglaise. Sous des faux airs placides, elles semblent ainsi gonflées par une rivalité toujours nécessaire entre cette guitare volatile, explosive, et un chant nettement plus pop, plus voluptueux. Il y a parfois de resplendissants accords de paix (le single She’s a Witch ou l’increvable Powder) mais la plupart du temps chacun mène sa vie, fait chambre à part. Et si c’était ça, le secret d’une vie sexuelle fastueuse, le triomphe d’une pop épargnée par la routine ?
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