Ceci n’est pas un monochrome. Bien que toutes les toiles ou presque de Geneviève Asse soient bleues, de tous les bleus du ciel, de l’azur à l’orage, mieux, bleues comme l’air (“Je voyage avec le bleu, c’est ma dimension intérieure”), l’artiste, née à Vannes en 1923, récuse le monochrome, expliquant que la couleur seule lui […]
Ceci n’est pas un monochrome. Bien que toutes les toiles ou presque de Geneviève Asse soient bleues, de tous les bleus du ciel, de l’azur à l’orage, mieux, bleues comme l’air (« Je voyage avec le bleu, c’est ma dimension intérieure »), l’artiste, née à Vannes en 1923, récuse le monochrome, expliquant que la couleur seule lui paraît surface plane, sans épaisseur. Sa première rétrospective en Bretagne réunit une quarantaine de peintures, depuis l’Hommage à Chardin de 1943 jusqu’à l’huile Sans titre datée 1994. Dès 1957, un critique écrit qu’elle « réussit à matérialiser la moins picturale des réalités, les espaces ou plus exactement les intervalles ». Ses peintures s’intitulent Ouverture de la nuit, Porte marine, elle parle de la lumière qui les traverse comme du tranchant d’un silex. Les plus aiguës ont en effet cet éclair autour d’une faille centrale. Une ligne laissée blanche en réserve, tracée au crayon, rougie, ou bien un interstice entre deux toiles rapprochées pour former diptyque. Passage du bleu (1977), Sans titre (1988), Atlantique (1993) ont cet élan, cette aspiration qui s’impose lorsqu’elles se dressent, verticales, monumentales. Quelque chose advient par le vide étroit qui les partage et qui, minimal, étreint et attire autant que peut le faire, sur le mode lyrique, l’abîme d’un Pollock atypique appelé The Deep (1953).
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Anne Bertrand
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