Comment, surtout si l’on s’intéresse un tant soit peu aux musiques actuelles, peut-on ne pas aimer Berlin ? Et d’ailleurs, qui, quinze ans après la chute du mur de la honte, oserait prétendre que la scène locale, portée par un vent de liberté qui ne veut pas retomber, ne casse pas des briques ? Trop […]
Comment, surtout si l’on s’intéresse un tant soit peu aux musiques actuelles, peut-on ne pas aimer Berlin ? Et d’ailleurs, qui, quinze ans après la chute du mur de la honte, oserait prétendre que la scène locale, portée par un vent de liberté qui ne veut pas retomber, ne casse pas des briques ? Trop longtemps muselé, Berlin brûle de se faire entendre : passé de l’influence de la Stasi à celle de l’ecstasy, son cœur bat aujourd’hui à tout rompre.
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C’est de cette ville palpitante que nous arrive, aux bons soins du label City Centre Offices, une authentique splendeur, signée d’un nom étrange, Swod, formé des initiales de ses deux coauteurs, Stephan Wöhrmann et Oliver Doerell. Si la musique de Swod requiert une écoute attentive, elle n’est pas « difficile » pour autant ? oh ! que non ! ? et ceux qui achèteront l’album de ce duo drôlement doué ne seront peut-être pas nombreux, mais tous seront heureux. Heureux de glisser dans leur discothèque, tout près de ceux de Sylvain Chauveau, un disque si remarquablement compact, que sa densité et sa subtilité radicales promettent à une longue destinée, en marge des pestilences éphémères de notre époque coprophile.
Heureux de découvrir en Gehen mieux qu’un disque : un allié, le compagnon idéal des heures de solitude, qui prend sa pleine mesure dans le courant de la nuit, quand la ville ? Berlin, de préférence… ? semble devenue déserte et attend l’aurore comme une femme attend un enfant. Heureux de croire un instant, au contact de ces lentes précipitations d’un piano bruineux, délicatement parasitées par de discrètes interférences électroniques, qu’on a tous quelque chose en nous d’Erik Satie. Heureux de tremper leurs oreilles dans un tel bain révélateur, coulant de la source mélancolique la plus vive, suite auquel le silence lui-même paraît bouleversé. Heureux, enfin, de s’imaginer, comme Alice, partir au pays des merveilles ? et n’en pas revenir.
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