Immatérielle, la voix est d’ordinaire réservée à la scène, au chant, au théâtre, voire au cinéma, mais est plus inattendue pour ce qui est du domaine des arts plastiques. L’école du Fresnoy y consacre justement une exposition plutôt tentante sur le papier : Vito Acconci, Gary Hill, Pierre Huygue… Seul problème : une fois sur […]
Immatérielle, la voix est d’ordinaire réservée à la scène, au chant, au théâtre, voire au cinéma, mais est plus inattendue pour ce qui est du domaine des arts plastiques. L’école du Fresnoy y consacre justement une exposition plutôt tentante sur le papier : Vito Acconci, Gary Hill, Pierre Huygue… Seul problème : une fois sur place, on est immédiatement saisi par l’aspect glacial du lieu qui écrase les pièces. Ambiance voix métallique, avec l’impression d’être dans un univers carcéral où chaque artiste nous invite dans sa cellule. Mais il faut passer outre et se laisser emprisonner par le balayage des spots bleus de Kristin Oppenheim qui, dans une pièce déserte, ressasse en continu le refrain d’une chanson d’Hendrix : « Hey Joe, where’re you going with that gun in your hand' » Se laisser flatter par Pierre Huygue qui réveille en nous le cinéphile enclin à toute proposition artistique. Ou se laisser griser par le minimalisme bleu néon de Vito Acconci. The American gift est une mise en scène quasi mystique, une sorte de lieu de recueillement et d’écoute d’une voix radiophonique venue d’ailleurs. Avec ces oeuvres ouvertes aux références cinématographiques ou musicales, dépassant leur cadre strict (une salle de cinéma, de concert), on assiste au parcours transversal de la voix : de la scène à l’écran, de l’écran à l’espace d’exposition.
En revenant vers Lille, d’autres voix nous arrêtent, plus humaines, moins plastiques, dans l’exposition modeste et cependant très réussie de Valérie Mréjen. Avec seulement trois moniteurs et un projecteur vidéo, elle investit l’Espace Croisé de Lille. L’essentiel se passe à l’écran. Mise en scène théâtrale du quotidien : de courts dialogues entre deux personnes. Essai sur la communication qui abolit la frontière entre le spectateur et le téléspectateur. Cinéma, télé, théâtre : le grand mix passe par la vidéo. La jeune artiste Valérie Mréjen manipule des références clairement affichées. En attestent encore la présence de Tonie Marshall, celle de l’excellent Jean-Christophe Bouvet, comédien et vidéaste. Des personnes qui se livrent à nu. La voix de la sincérité.
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