Ça fait plus de vingt ans que perdure un paradoxe dans le petit monde du rock anglais. En marge des pilleurs de nécropole, qui squattent la tête des charts indépendants, des groupes réellement novateurs ont toujours réussi à subsister avec la bénédiction de ces mêmes magazines qui créent les modes , groupes qui ont […]
Ça fait plus de vingt ans que perdure un paradoxe dans le petit monde du rock anglais. En marge des pilleurs de nécropole, qui squattent la tête des charts indépendants, des groupes réellement novateurs ont toujours réussi à subsister avec la bénédiction de ces mêmes magazines qui créent les modes , groupes qui ont toujours préféré l’air du large et le parfum du futur aux conventions du rock. C’est ainsi qu’à l’heure de la déferlante visionnaire post-space-krautrock, on édite une jolie compilation d’un groupe qui a hanté le début des années 90. Bark Psychosis commence son histoire lorsque Graham Sutton et quelques autres découvrent que l’aboutissement de leurs rêves ne passera pas par les études. Alors ils s’arrangent avec un curé pour transformer les sous-sols de l’église de Stratford en studio. C’est après avoir réussi à caser un morceau plein de feedbacks sur un flexi partagé avec Spacemen 3 qu’ils réalisent que leur avenir est dans le silence. Comme pour préparer l’avenir il faut connaître le passé, Bark Psychosis découvre Tim Buckley, Nick Drake et AR Kane. Après quelques maxis, les effectifs du groupe fondent à vue d’oeil ; ils ne sont plus que deux lorsqu’ils se décident à enregistrer le fantastique album Hex, et plus personne au moment de sa sortie. Alors Graham Sutton embarque son attirail sonique, sort en boîte et crée Boymerang. Dommage donc que Game over débute sur Blue, le dernier des singles du groupe, pop funky navrante, sous-Pet Shop Boys et premier essai orienté dance-floor d’un Graham Sutton aujourd’hui nettement plus à l’aise dans la jungle. La qualité visionnaire de Bark Psychosis s’étale par contre sur tous les titres suivants. De la période Cheree Records, on retrouve I know et All different things, jolis châteaux de glace remplis par le silence, terrains d’introspection vague sur lesquels Movietone a depuis planté sa tente. De l’époque où ils décident de rentrer de plain-pied dans le futur, on retient Manman, disco apocalyptique, course de vitesse avec le soleil avant qu’il ne disparaisse derrière la ligne d’horizon. Enfin, tiré de l’album, A Street scene et son intro piquée au Myrham de Talk Talk. Mais tous ces titres n’auraient pas suffi à hisser Bark Psychosis au panthéon des inventeurs s’il n’y avait eu Scum, titre monstrueux de vingt-deux minutes, synthèse de tout ce que le milieu urbain peut engendrer en paranoïa.
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