Une joyeuse bande, réunie autour de Dionysos, Gonzales et d’acteurs du film, signe la BO de Gainsbourg (vie héroïque). Gonflé et réussi.
Faire un film sur la “vie héroïque” de Serge Gainsbourg était déjà une entreprise périlleuse. En concevoir la BO sans tomber dans la facilité du best-of s’apparentait carrément à se lancer sur une patinoire chaussé d’une paire de savonnettes.
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C’est à Olivier Daviaud, un arrangeur discret repéré chez Dionysos ou Olivia Ruiz, que Joann Sfar a choisi de refiler la délicate opération de microchirurgie qui consistait à ne pas trop toucher à l’intouchable. Entouré d’élégants et flexibles musiciens hexagonaux sûrement tous biberonnés à Gainsbourg depuis leur tendre enfance, Daviaud – qui n’est pas John Zorn, on ne lui en demandait pas tant – remplit admirablement le contrat, s’effaçant volontiers derrière les arrangements originaux, rehaussant au besoin ceux qui ne valaient pas tripette (Love on the Beat).
A sa disposition également, les acteurs du film, qui ont poussé jusqu’au micro leur obligation de mimétisme, à commencer par Eric Elmosnino, aussi bluffant au chant enfumé qu’il ne l’est en homme à tête de chou à l’écran. Idem pour Mougladis/ Gréco, Casta/Bardot ou Lucy Gordon/ Birkin. En revanche, Sara Forestier aurait pu s’abstenir de confondre France Gall avec un klaxon de Traction Avant.
Disponible en deux versions (21 ou 43 titres), cette fresque sonore aussi désordonnée et vivante que le mur de graffitis de la rue de Verneuil inclut également des bouts de dialogues, quelques originaux (Je t’aime… moi non plus), un inédit de Gainsbourg (Antoine le casseur, chanté par l’ex-Deschiens Philippe Duquesne), quelques belles trouvailles (une Javanaise redessinée par Gonzales) et des invités qui ne figurent pas dans le film (Jeanne Cherhal et Emily Loizeau sur un dévergondé Qui est “in” qui est “out”).
Et lorsque Olivier Daviaud s’échappe de son sujet – sur plusieurs thèmes symphoniques illustratifs –, c’est pour en réalité mieux y revenir au moyen d’orchestrations proches de celles de Jean-Claude Vannier pour les jumelles Manon/Melody. Accompagnée (pour la version luxe) d’un opulent livret de photos et de dessins, cette BO est déjà un film à elle seule.
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