[Numéro spécial Gainsbourg] Pour lui, c’est un “véritable artiste” autant qu’un “géant”. Le chanteur barbu nous parle du Gainsbourg qu’il admire.
“Ma première image de Gainsbourg, c’est chez Drucker. Je vois une épave au milieu d’un décor étincelant. J’ai commencé à aimer sa musique plus tard lorsque j’étais en âge de comprendre la jouissance de la perversité, le second degré, l’amour du jeu. Avec mes copains, on plaçait Gainsbourg sur un piédestal. Dès qu’on mettait un de ses disques, c’était vibrant.
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J’aime ses albums-concepts, Histoire de Melody Nelson ou L’Homme à la tête de chou qui est son Graal, son œuvre majeure. C’est un phare. Il ne fait rien comme les autres et ça sonne encore mieux. Je n’aime pas quand Gainsbourg fait le comique grivois, graveleux, ses chansons “pouët-pouët” comme L’Ami caouette.
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C’est un véritable artiste, ce n’est pas un faiseur comme Claude François. Lui, c’était son âme qui suintait de chaque note. Il nous scotchait à lui. Quelqu’un qui chante Lemon Incest est tricard pour l’éternité, lui non. Il construit de la noblesse sur des choses ignobles. Ça fait partie des raisons pour lesquelles je suis aussi admiratif de lui, que je me sens comme un nain à côté d’un géant.
Mes morceaux préférés sont L’Homme à tête de chou et Love on the Beat. Ça prouve qu’il n’a pas cessé d’avancer tout au long de sa carrière, de s’adapter à l’ambiance de l’époque. Gainsbourg, c’est la technique de la terre brûlée, comme si après lui la musique pouvait s’arrêter. Il a touché au nectar du nectar.
Le cerveau se met dans une forme d’acharnement. On devient la marionnette de ses obsessions. Gainsbourg était la marionnette d’une quête
Gainsbourg allait tous les jours en studio. Gainsbourg bossait énormément. Le travail c’est important, l’alcool aussi. Le cerveau se met dans une forme d’acharnement. On devient la marionnette de ses obsessions. Gainsbourg était la marionnette d’une quête. Et il avait un côté expérimental… Il n’a pas fini sur un gros canapé en velours avec des liasses de billets. Il continuait à faire avancer son art jusqu’au bout, comme Christophe ou Dalí. Cette force qui le dominait et le poussait à continuer, c’est respect intégral.”
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