Les héros méconnus du rock indé US reviennent, toujours aussi excitants.
Les Texans de Spoon seraient-ils devenus gâteux ? Ga Ga Ga Ga Ga, sixième album d’une carrière déjà bien remplie, en marge des modes et des couvertures de magazine, n’est pourtant pas comme l’indique son nom un énième bégaiement témoin d’une créativité en berne. Pour s’en rendre compte, il suffit d’écouter le premier titre de l’album, Don’t Make Me a Target, summum de l’écriture vacharde du brillant Britt Daniels.Le leader et principal compositeur de Spoon n’est jamais aussi à l’aise que dans cet exercice d’écriture cynique et revancharde : les guitares grattent jusqu’au sang, les mots sont durs et la tension palpable. Dès cette introduction – et la suite le confirme –, on sait que Spoon, deux ans après une réussite en demi-teinte, l’essoufflé Gimme Fiction, retrouve son art précieux, cette pop près du corps, à la raideur minimale et funky.
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De l’exercice purement mélodique – You Got Yr. Cherry Bomb et The Underdog, avec leurs réminiscences Motown de belle facture – aux expérimentations sonores de Jim Eno, batteur, producteur et éminence grise du groupe, sur des titres comme The Ghost of You Lingers, Ga Ga Ga Ga Ga couvre le spectre musical d’un groupe bien trop intelligent pour se contenter d’une simple formule. Entêtante et méchamment soul, portée par des ambiances sèches et percussives, la voix de Britt Daniels mène le bal, distribue les coups sur Rhthm & Soul et évoque, sur Black Like Me, un autre chanteur d’un petit groupe pop qui aurait rêvé d’être black, John Lennon. Et ce n’est pas le moindre des compliments.
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