Depuis Milagro, on savait Natalia M. King en quête de quelque chose. On ignorait seulement que l’atteindre exigeait une telle mise en solitude. Ce qui, à première écoute, évoque un dérapage non contrôlé relève en vérité d’une logique de vie. Ainsi, Miss King semble ne devoir se réaliser que dans la rupture. Abandonner sa famille, […]
Depuis Milagro, on savait Natalia M. King en quête de quelque chose. On ignorait seulement que l’atteindre exigeait une telle mise en solitude. Ce qui, à première écoute, évoque un dérapage non contrôlé relève en vérité d’une logique de vie. Ainsi, Miss King semble ne devoir se réaliser que dans la rupture. Abandonner sa famille, son milieu, son pays ne lui suffisant pas, une suite à ce parcours en abyme ne pouvait s’envisager que munie d’un nouveau plan d’évasion.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Furyandsound, c’est la Natalia de Milagro qui aurait fait une fugue du dedans. Les chansons aux fondations déjà instables sur le précédent album ne parviennent plus, ici, à retenir une soif d’errance qui la fait se jeter, bille en tête, dans des puits profonds comme les manques qu’ils révèlent. Eventrées par le milieu, ces coquilles (sont-ce encore des chansons ?) ne procurent à la fuyarde qu’un point de départ pour des dérives précaires, hallucinées et des fusions vespérales. Les seuls à oser la suivre sur son petit bateau ivre sont ses nouveaux musiciens, dont les instruments opèrent des coupes franches dans un espace sonore monochrome. Ils assistent la jeune femme dans cette entreprise malaisée : déchirer, avec sérieux et méthode, l’enveloppe de la dissimulation, dévoiler le désir, le sien, celui des autres, qui s’y cache.
Ainsi, cette musique ne recherchant ni la joie ni le réconfort, ne demandant l’asile à aucune contrée où régnerait la béatitude ou l’accablement, ne procure rien de tout cela. Ce n’est pas « un autre disque » à consommer dans un système aliéné qui ne génère plus que de l’indifférence aux choses et à ceux qui les réalisent, c’est un work in progress, un effort indécent, électrique, d’où ne sont retranchés aucun spasme, aucune convulsion, et qui vise à démasquer le petit fétu de chair que l’on appelle « être ». « Qui est cette beauté ?/Qui est ce monstre ? », s’interroge Natalia à propos d’elle-même d’une voix inquiète. Et mieux qu’une réponse, elle cherche, dans un baiser furieux, à nous donner le goût incomparable de sa propre vie.
{"type":"Banniere-Basse"}