Avant le navrant naufrage d’un mythe mité, d’un culte éculé pour rescapés radoteurs du Paris punk, les Flamin’ Groovies n’étaient pas la propriété exclusive de Cyril Jordan, calotin copiste chauve reproduisant trait pour trait les enluminures de son missel Beatles/Byrds. Dans leur incarnation initiale, les Groovies pétillaient de sève, effervescents d’une allégresse due à leur […]
Avant le navrant naufrage d’un mythe mité, d’un culte éculé pour rescapés radoteurs du Paris punk, les Flamin’ Groovies n’étaient pas la propriété exclusive de Cyril Jordan, calotin copiste chauve reproduisant trait pour trait les enluminures de son missel Beatles/Byrds. Dans leur incarnation initiale, les Groovies pétillaient de sève, effervescents d’une allégresse due à leur chanteur Roy Loney, cabot jovial plutôt doué pour le mime et pour les pastiches. Après Teenage head, le plus vif et vindicatif des albums de rock’n’roll jamais enregistré à San Francisco, il quitta le groupe (il y a deux ou trois éternités, juste avant que Nick Kent se targue d’avoir joué de la guitare sur Slow death) et sortit sur des labels confidentiels une tripotée de disques dragsters pétaradants dont un chef-d’œuvre de vélocité virulente, Phantom track. Son petit dernier, Full grown head (clin d’œil aguichant à Teenage head ) est épatant de verdeur. Loney, filou faraud, fait le pitre tel un Fonzie flambeur (Fool proof), chante comme si son disque allait entrer en concurrence avec les derniers singles d’Eddie Cochran ou Chuck Berry et invite à d’acrobatiques galipettes dans les bras de la nostalgie, cette séductrice rouée que Guillermo Cabrera Infante, le plus malicieux des exilés cubains, qualifiait joliment de « putain de la mémoire ».
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}