Dans une pop anglaise où le délit de gueule (grande, belle ou cassée) est récompensé de toutes les décorations en chocolat, il ne fait pas bon débouler avec une trogne de facteur. Tant pis pour les Bitter Springs, effectivement postiers dans la vie de tous les jours : l’enveloppe compte plus que la lettre. Et […]
Dans une pop anglaise où le délit de gueule (grande, belle ou cassée) est récompensé de toutes les décorations en chocolat, il ne fait pas bon débouler avec une trogne de facteur. Tant pis pour les Bitter Springs, effectivement postiers dans la vie de tous les jours : l’enveloppe compte plus que la lettre. Et les pauvres Bitter Springs ont beau composer quelques chansons pop des plus romantiques et féroces depuis les Go-Betweens, rien n’y fait : la table de la gloire est réservée à l’année par les jouvenceaux et eux seront toujours refoulés à l’entrée. Délit de sale gueule, de plouquerie manifeste : on connaît parfaitement la lamentable histoire qui a ainsi tenu les Go-Betweens ou Microdisney à l’écart de la table des décisions, tandis que des Sleeper ou des Curve y siégeaient sans complexes. A part la chirurgie esthétique et une cure de jouvence, on voit mal ce que les Bitter Springs pourraient faire de plus que ces It’s business, ces Ken, ces Radio active scuba driver, ces Girl on a mountain bike… On espérait que le souffle Belle And Sebastian créerait un appel d’air, que des groupes comme les Bitter Springs ou les Américains d’Apples In Stereo seraient ainsi entraînés dans le sillage. Mais trop biscornues pour les fanzines strictement pop, d’apparence pas assez farouche pour l’intelligentsia post-tout-et-rien (Absence make your hair grow longer et Like Boorman’s son parlent pourtant d’un drôle de futur), les chansons de Simon Rivers ne peuvent même pas s’offrir un de ces cultes underground à la Pastels, à la Felt. Après tout, tant mieux : la frustration et la colère froide (et drôle) étant les meilleurs carburants pour le Solex de ces facteurs-là, on ignore ce qui alimenterait ces chansons douces-amères si elles étaient composées à l’arrière d’une limousine. La plus grande injustice on était déjà resté estomaqué quand la même ingratitude s’était acharnée sur les disques vieux garçons de Grant McLennan, de Lilac Time ou de Peter Astor restant la mise au ban de chansons parfaitement présentables, pas du tout cabossées, pas du tout soldées. Car, alors que Radiohead ou The Verve triomphent, il est quand même un peu fort des halles de mépriser à ce point ces petits trésors de flamboyance que sont King of road safety ou One punch/Lights out. On est naïf, hein ?
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