Vingt ans après la disparition de son père, Lulu Gainsbourg sortira à l’automne un album de reprises de chansons “de papa” au casting époustouflant. Rencontre avec l’héritier de la plus grande fortune musicale de France.
On l’a vu, à 2 ans, dans les bras de son père sur la scène du Zénith de Paris. Depuis, peu d’apparitions, si ce n’est quelques duos et un bref passage sur grand écran avec La Bande du Drugstore. Fils de Serge Gainsbourg et de Bambou, Lulu Gainsbourg a grandi loin des projecteurs et du public. En France, puis en Angleterre et aux Etats-Unis, il a appris le piano et est devenu musicien professionnel.
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Désormais âgé de 25 ans, il publiera cet automne un disque de reprises de chansons de son père, sur lequel il a convié une pléiade de stars. Un véritable album-hommage, qui devrait lui permettre, par la suite, de s’envoler en solitaire. “J’avais besoin de faire ce cadeau à mon père. Pour pouvoir me lancer à mon tour.”
Sur l’album, intitulé From Gainsbourg to Lulu, Lulu a joué, chanté et réalisé les arrangements, promenant ses micros entre Paris, Los Angeles et New York, où il réside aujourd’hui. Nous l’avons rencontré au début de l’été, quelques mois avant la sortie du disque, pour évoquer avec lui la genèse du projet, son parcours et son héritage culturel.
Tu as étudié la musique au Berklee College de Boston et tu vis à New York. Comment ton père est-il perçu aux Etats-Unis ?
Lulu – Il est moins populaire qu’en France mais reste une référence. Je me souviens d’un après-midi chez Amoeba, le grand disquaire de Los Angeles. J’arrive à la caisse avec un paquet de disques, je donne ma carte de crédit au vendeur, un jeune Américain. Il remarque mon nom et me demande si j’ai un lien de parenté avec Serge Gainsbourg. Je lui explique que c’est mon père. Il me regarde alors avec des grands yeux, me demande s’il peut me serrer la main et me dit tout le bien qu’il pense de Melody Nelson, le plus bel album au monde selon lui. Une autre fois, j’ai croisé Bootsy Collins, le bassiste légendaire de James Brown, un géant de deux mètres avec ses lunettes étoilées et son grand chapeau. On nous a présentés. Il a baissé ses lunettes et m’a regardé en demandant “Le fils ?”. J’ai confirmé. Il s’est presque agenouillé et m’a dit que c’était un honneur, que mon père était un putain de tueur. Je lui ai répondu que c’était lui, le tueur. Mais j’ai compris que l’aura de mon père avait dépassé les frontières.
As-tu toujours écouté la musique de ton père ?
J’ai baigné dedans dès ma naissance. Lorsque j’étais jeune, étrangement, c’est son dernier album que je préférais, You’re under Arrest : un disque assez dur mais dont j’aimais l’énergie hip-hop et electro. Aujourd’hui, j’adore Histoire de Melody Nelson. Mais ma chanson préférée reste La Noyée. J’écoute peu la période reggae et j’ai du mal avec L’Homme à tête de chou, que je trouve trop sombre. Je me demande toujours ce que la chanson Marilou sous la neige vient faire dans l’album… Musicalement, je trouve qu’elle détonne. Peut-être est-ce le texte qui justifie sa présence. La musique a beau être douce, Marilou s’en prend quand même plein la gueule et se fait éclater par un extincteur (rires)…
Tu publies cet automne un album de reprises de chansons de ton père. Comment est née cette idée ?
Elle existe depuis un peu plus d’un an au fond de ma tête. J’en ai parlé à un ami, qui est devenu l’ingénieur du son du projet. On a compris que ce serait bien de faire ce disque et de le publier cette année, vingt ans après la disparition de papa. Il était hors de question que je reprenne ses chansons seul. Je voulais envisager ce disque comme un hommage.
Le casting est impressionnant : Vanessa Paradis, Johnny Depp, Marianne Faitfhull, Rufus Wainwright, Scarlett Johansson, Iggy Pop… Comment as-tu agencé cette distribution ?
L’idée de départ était de mélanger les styles, ne pas se contenter de faire de simples reprises mais de créer de véritables adaptations, de donner à chaque morceau une couleur musicale particulière. Aujourd’hui, Gainsbourg est une référence en France mais j’ai eu envie qu’on parle de lui aux quatre coins du monde. Alors je suis allé chercher des artistes rock, des Gitans, des actrices. C’était un projet ambitieux car ça réunissait des gens renommés et occupés. Mais l’aura de mon père a facilité les collaborations, même si certains artistes, comme Leonard Cohen ou Bono, n’ont pas pu participer pour cause d’emploi du temps incompatible.
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