De leur code vestimentaire à leurs collaborateurs, de leurs concerts à leurs vidéos, la trajectoire des Strokes en 18 mots clés.
8,5
C’est le nombre, en millions, d’albums vendus par le groupe depuis 2001. Un score pas si mirobolant si l’on considère l’aura du groupe, son influence et sa place de choix sur la frise historique du rock. Les trois premiers albums sont certifiés “disque de platine” en France (soit 300 000 exemplaires vendus). F. M.
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Converse
“C’est un groupe en Converse qui débarque à un moment où tout le monde écoute Daft Punk”, résume très justement Ludovic Guinnebert, directeur marketing chez RCA, qui bosse avec les Strokes depuis la sortie en 2001 de leur premier ep, The Modern Age. Les Strokes ressuscitent l’esthétique CBGB seventies : perfectos cintrés, jeans slims et Chuck Taylor All Star, mythique basket née en 1917. Un clin d’œil à Mick Jagger (qui s’en chaussa pour son mariage avec Bianca Perez Morena en 1971), comme aux Ramones ou, plus tard, Kurt Cobain. Grâce aux Strokes, la Converse redevient symbole d’allégeance à une communauté rock que l’on pensait moribonde, et refleurit aux pieds des kids du monde entier. Propulsé égérie Converse, Julian Casablancas enregistre My Drive Thru en 2008 en featuring avec Pharrell Williams et Santogold, et initie ainsi un premier pas en solo… C. B.
Daft Punk
En septembre 2014, une semaine avant la sortie du premier album des Voidz, l’autre groupe de Julian Casablancas, le New-Yorkais évoquait dans une interview accordée aux Inrockuptibles sa fascination pour le duo casqué français. Et dénigre sa propre performance sur le titre Instant Crush : “Leur chanson Veridis Quo est sans doute l’une de mes préférées de tous les temps. On évoque souvent leurs fondations funky, que j’adore aussi, mais ce qui me touche le plus chez eux est ce côté baroque. Leur façon de mélanger le classique et les synthés est vraiment magique. Quand j’ai entendu la chanson qu’ils me proposaient, Instant Crush, j’ai immédiatement pensé à Veridis Quo, à sa simplicité. Et ma première réaction a été de leur dire : ‘gardez-la en instrumental, ne gâchez pas cette merveille avec ma voix !” F. M.
Fingerless gloves
“Je garde les gants pour la photo ? Allez, je garde les gants pour la photo”, se demande Julian lors du shooting de notre couv de cette semaine. Anecdotique, peut-être, mais les fingerless gloves, ou mitaines, constituent – avec la paire de lunettes de soleil toujours collée sur le pif – l’un des éléments de la panoplie de Julian Casablancas. En 2010, il chante même avec le groupe parodique The Lonely Island “everyone was wearing fingerless gloves” sur le titre Boombox. Une façon de se moquer de lui-même ? “Ils recherchaient une vibe à la Terminator (…). Je pense que quand j’en porte, ça ne ressemble pourtant pas à une blague. Peut-être que les gens pensent que si. Ça me va aussi”, déclare-t-il au Riverfront Times. Son côté gang dans le New York des années 1980 (voir l’entrée Tyranny). F. M.
Fuzlab
Derrière ce nom qui ressemble à un projet de la Nasa, deux hommes : le dessinateur français Luz et Fabrizio Moretti, batteur des Strokes. A la suite d’une nuit alcoolisée dans un bar parisien durant laquelle ils commencent à fantasmer le retour du Minotaure dans une sorte de revival du mythe de Thésée, les deux nouveaux meilleurs potes décident de monter une exposition-performance au cœur de la capitale. Ce projet artistique en temps réel est accueilli à la galerie Perrotin (Paris 3e), en mai et juin 2012. F. M.
Gordon Raphael
Musicien et producteur hirsute, Gordon Raphael, basé aujourd’hui à Berlin, est le premier producteur des Strokes, celui qui mettra en boîte les trois premiers albums du groupe. Après le succès d’Is This It, en 2001, et tandis que tout s’accélère pour les New-Yorkais, Nigel Godrich, légendaire producteur de Radiohead, est un temps pressenti pour prendre le relais – quelques sessions seront même lancées –, mais sans résultat concluant. Gordon Raphael sera appelé à la rescousse et partagera la production du troisième album du groupe avec David Kahne. F. M.
J. P. Bowersock alias “Guru”
Si vous avez eu la chance d’acheter Is This It, le premier album des Strokes, au moment de sa sortie, vous avez vu sa tête dans le trombinoscope de la pochette. Plus tard, il a fait aussi le roadie. Sur la tournée de First Impressions of Earth, il débarquait sur scène pour apporter le clavier vintage d’Ask Me Anything, quand le temps était venu de jouer l’un des morceaux les plus nihilistes de ce troisième album. Figurez-vous qu’il faisait même partie du groupe solo de Julian sur la tournée Phrazes for the Young. Surnommé Guru, J. P. Bowersock est l’homme qui aura tout appris aux Strokes : “Lui seul savait trouver les mots pour traduire nos idées”, nous confia un jour Albert. F. M.
Julian sans les Strokes
Outre son escapade solo (voir Phrazes for the Young) et son travail acharné avec les Voidz (il bosse désormais avec ces génies de Mac DeMarco et Kirin J. Callinan), Julian a multiplié les collaborations, fait de la pub (un parfum pour Azzaro – il a même signé une chanson, I Like the Night, que personne n’aura jamais entendue en entier) et monté Cult Records, son propre label. On retiendra sa participation au projet de Danger Mouse et Sparklehorse Dark Night of the Soul sur le très bon titre Little Girl, son jeu de keytar sur le Sick, Sick, Sick de Queens Of The Stone Age, ses reprises de Buddy Holly (Rave On) et du Velvet Underground pour la bande originale de la série Vinyl (Run Run Run, White Light White/Heat, Venus in Furs), ainsi que son duo avec Jehnny Beth, sur la reprise de Boy/Girl de Sort Sol et Lydia Lunch, figure essentielle de la no wave new-yorkaise. F. M.
Les Strokes sans Julian
Après la sortie de First Impressions of Earth en 2006 et la tournée qui suivit, les Strokes prennent congé les uns des autres et vaquent à d’autres projets pendant que Julian fait sa vie. Le premier à dégainer sera Albert Hammond Jr., qui sortira la même année Yours to Keep, son premier album solo (trois autres albums et un ep sont sortis depuis). Fabrizio, lui, monte Little Joy aux côtés de Binki Shapiro et Rodrigo Amarante (puis, l’année dernière, le groupe Machinegum), quand Nikolai Fraiture dévoile The Times of the Assassins, en 2009. Il sera aussi à l’origine de la formation du groupe Summer Moon en 2016. Nick Valensi, l’autre guitariste, s’occupe en collaborant à droite et à gauche (Megapuss, Kate Pierson), avant de former en 2016 le groupe CRX, avec qui il sortira deux albums. F. M.
Mandy
Non, ceci n’est pas une référence à la chanson Oh Mandy du groupe indie The Spinto Band, mais au titre Mandy, interprété par l’artiste américain multi-casquette Barry Manilow. Ecrit et composé en 1971 par Scott English et Richard Kerr, mais popularisé par Manilow, le refrain de ce morceau lancinant, joué au piano façon Richard Clayderman, a littéralement été pompé par les Strokes sur le titre Razorblade (First Impressions of Earth). Loin des références à Billy Idol de Bad Decisions (quoique). F. M.
Mercury Lounge
Salle de concerts iconique du Lower East Side, non loin de Ludlow Street, le Mercury Lounge accueillera les Strokes en résidence. C’est là-bas qu’ils croisent un habitué, un certain Gordon Raphael, qui mettra son Transporterraum Studio, dans le quartier d’Alphabet City, à leur disposition. “Au départ, ils ne voulaient faire que des demos, et puis on a mis le premier ep en boîte”, nous confiera ce dernier. Non loin de là, le Luna Lounge. C’est ici qu’Adam Green verra pour la première fois les Strokes sur scène : “Je ne m’attendais à rien, j’ai finalement pris une sacrée claque”, dira-t-il. Façon de rappeler que le rock est surtout une histoire de live. F. M.
Moldy Peaches
C’est l’autre grand groupe made in New York City de l’époque. Fondé par ce sale gosse d’Adam Green et Kimya Dawson à la fin des années 1990, les Moldy Peaches ravivait la flamme contre-culturelle du Village des années 1960 en proposant un folk alternatif, dont le mouvement sera qualifié d’anti-folk. Le repaire de ces punks-folkeux est le Sidewalk Café, dans le Lower East Side (la scène du Village, encore active, voyait ces jeunes gens d’un mauvais œil). Ils feront les premières parties des Strokes lors de leur toute première tournée UK au printemps 2001. Quelques mois seulement avec la sortie d’Is This It, premier album de la bande de Julian Casablancas. F. M.
Mutualité
Il y a des dates qui entrent dans la légende. Celle du 18 mars 2002 en fait partie. Ce jour-là, quatre mois après avoir fait faux bond au festival des Inrocks à cause du 11-Septembre (Pulp prendra la relève), les Strokes déboulent sur la rive gauche parisienne pour un concert événement à la Maison de la Mutualité. Les cinq New-Yorkais bénéficient déjà d’une grosse hype – leur premier album, Is This It, étant sorti en août 2001 et la presse ne tarissant plus d’éloges sur ces nouveaux rockeurs aux minois aussi frais que leurs guitares. Mais le concert ne fait pas l’unanimité : set trop court (45 minutes environ), trop lisse, trop gueule d’ange, pas assez de sueur pour ceux et celles qui regrettent le bon vieux temps où le rock se vivait sur le torse nu d’Iggy Pop. Dix-huit ans plus tard, les critiques sont les mêmes. Entre-temps, leur toute première date française a été zappée : elle eut lieu le 13 mars au Transbordeur de Villeurbanne. C. B.
Phrazes for the Young
Enregistré sous la houlette du producteur Jason Lader, Phrazes for the Young (2009) est le seul et unique album solo de Julian Casablancas. A cette époque, rien n’est sûr quant à l’avenir des Strokes : le dernier disque des New-Yorkais remonte à 2006 (First Impressions of Earth) et tous les membres du groupe, à l’exception de Nick Valensi, sont impliqués dans divers projets personnels. Loin de ses vieux potes, le kid de Manhattan sort alors un album déconcertant, matrice de tous les fantasmes de l’après-punk, avec comme thème central celui de la persistance de l’être humain en tant qu’être organique capable de sentiments, au milieu des mégalopoles futuristes. La jonction parfaite entre son travail avec les Strokes et le gang qu’il commence à fomenter avec les Voidz. Le disque prend la forme d’un manuel à l’usage de la jeunesse, inspiré par les aphorismes d’Oscar Wilde rassemblés dans son Phrases and Philosophies for the Use of the Young. F. M.
Roman Coppola
Août 2001, le “frère et fils de…” Roman Coppola profite de son passage au festival du film d’Edimbourg muni de son premier long métrage, CQ, pour draguer les Strokes par voie de presse. Bonne idée. Après avoir clippé Fatboy Slim, Daft Punk, Moby, Air, Phoenix, il met en images plusieurs singles des New-Yorkais : The Modern Age, Someday, Hard to Explain, 12 : 51, mais aussi et surtout Last Nite, dont le clip adresse un clin d’œil aux premiers lives rock’n’roll télévisés du Ed Sullivan Show et se voit parodié la même année par Sum 41 avec Still Waiting. C. B.
Ryan Gentles
C’est l’histoire d’un mec qui bookait des groupes au Mercury Lounge, salle de concerts de New York où toutes les petites frappes du rock venaient raviver la flamme du CBGB, époque punk. Après avoir été confronté à un Julian Casablancas insistant, il devient le manager du groupe et l’est toujours actuellement. F. M.
The Modern Age EP
Le premier ep des Strokes est sorti le 29 janvier 2001 au Royaume-Uni, via le label londonien Rough Trade. La légende raconte que Geoff Travis, fondateur iconique de ce disquaire devenu maison de disques, aurait signé le groupe sur la foi d’une simple écoute au téléphone. Ce 45t, qui devait à l’origine n’être qu’une poignée de demos, contenait les titres The Modern Age, Last Nite et Barely Legal. Il ne sortira aux USA que quelques mois plus tard, sur une major, RCA. Le deal sera à l’avantage du groupe, qui conserve les droits sur ses masters. Le disque, quant à lui, marquera les débuts en fanfare de ce que la presse estampillera “le retour du rock”. F. M.
Tyranny
Comedown Machine est-il l’ultime album des Strokes ? C’est la question que tout le monde se pose quand, en 2014, Julian Casablancas débarque avec le premier album des Voidz – à l’époque, on disait encore Julian Casablancas + The Voidz –, Tyranny. Monté autour de la personnalité charismatique de Casablancas, ce nouveau gang constitué de durs à cuire du circuit hardcore américain reprend les choses là où First Impressions of Earth les avait laissées, magnifiant un son punk et new-wave propice à l’expression d’une morgue bien ancrée et d’un spleen beau à pleurer (Human Sadness, à écouter sur le pont d’un rafiot face à l’océan déchaîné). Une esthétique à la Bad, de Michael Jackson, pour une incarnation des rêves de gang du jeune Julian : “La première fois où nous nous sommes baladés ensemble dans New York à 3 heures du matin, je nous ai regardés et j’ai pensé : ‘putain, j’aimerais pas croiser ces mecs-là en pleine nuit dans une ruelle”, nous confiera-t-il. F. M.
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