Bientôt immense, la Suédoise passera en France en avril, notamment dans le cadre des Femmes s’en Mêlent : l’occasion parfaite pour une rencontre au Danemark avec une forte tête et un génie pop. A (re)découvrir avec trois morceaux en écoute et un longue interview.
Et vous ressentez de la fierté ou…
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Non…malheureusement pas tellement. Le truc, c’est que quand les gens vous admirent vous devenez ennuyeux parce que ils ne savent juste pas quoi dire à part « vous êtes géniale ! », et vous restez debout et dites « merci » et vous essayer de parler de quelque chose d’autre… Et vous sentez que vous n’avez aucune chance en tant que personne, parce qu’ils ont un idéal de qui vous êtes, ils s’y sont tellement habitués que la conversation en devient très étrange. C’est un problème car je suis une personne très humble vous savez, vraiment. Parfois je joue ce rôle de fille imbue d’elle-même, mais je ne suis pas comme ça du tout, je suis au contraire très critique envers moi-même. Je ne veux pas être fière parce que sinon je deviendrais paresseuse.
Et à propos du titre de l’album, Silence Is Wild, de quel silence parlez-vous ?
Ce titre est à mettre en rapport avec la poésie vous savez, c’est plus « vous pouvez en tirer ce que vous voulez ». Pour moi le mot « wild » est tellement vaste qu’il peut signifier beaucoup de choses, toutes très intéressantes pour moi…
Comme quand vous étiez seule dans votre maison à la campagne ?
Ca et aussi les choses qui s’expriment sans mots et qui allaient dans plusieurs directions, comme par exemple : quelqu’un est assis là qui transmet un signal, comme une sorte de phéromone bizarre. Dans ce sens… c’est très silencieux, c’est très sauvage.
Comment s’est passé l’enregistrement, à Stockholm ?
On l’a enregistré en deux jours seulement, mis à part quelques arrangements supplémentaires. On avait deux heures pour chaque chanson, c’est comme dans les vieux jours, c’était vraiment un projet risqué, mais ça a bien fonctionné. Vous voyez sur certains morceaux on peut entendre que… peut-être que j’aurais dû faire certaines choses différemment… Je peux entendre à ma voix à certains moments de l’album que je suis un peu tendue parce que je sais qu’on doit le boucler (rires). Je peux entendre ce que je pensais à ce moment là…
Et à propos des Femmes s’en Mêlent ?
C’est fantastique, on a l’impression qu’il est partout, c’est un festival mystérieux, il s’étale sur une longue période et dans plein de villes.
Et le public français vous aimez ?
Oui ! J’aime. Ca a toujours été bon en France. Presque tous les concerts que j’ai donné en France on été agréables, je pense que ce qu’on a ressenti, et ce que tous mes amis ont ressenti a été…que le public français n’a jamais été effrayé par le côté dramatique de mes chansons. En Angleterre, par exemple, beaucoup d’hommes pensent que c’est trop. Mais en France je pense que la tradition est plus dans les chanteurs dramatiques…
Et que pensez-vous d’un festival avec uniquement des groupes de filles ou…
C’est un peu double : je trouve que c’est une honte que l’on ait besoin d’avoir, mais je pense que c’est une bonne chose, que c’est nécessaire. Je souhaiterais juste que ça ne soit pas nécessaire, mais ce ne le sera plus pour que pour quelques d’années. La musique est, je pense, encore très dominé par les hommes.
Pensez qu’il y a quelque chose de politique, de féministe dans vos paroles ?
Je pense oui… A propos des conventions, des genres, des manœuvres politiques dans l’amour en général. Quand au féminisme, c’est un mot dur, beaucoup de gens ont de l’aversion pour ce mot, mais il y a beaucoup de paroles et peu d’actes concrets, alors que tout pourrait être changé en une nuit. Je me sens honteuse d’être adulte dans une société qui traite les hommes et les femmes de façon si inégalitaire. Et pas seulement les hommes et les femmes mais tout le monde, surtout avec la crise financière actuelle, les primes qui augmentent quand d’autres sont virés. J’ai vraiment honte de cette société qui fait ça, mais je ne peux pas vraiment dire non plus que j’en fais partie, je me sens plus comme une observatrice…
Que pouvez-vous me dire de Scandinavian Blonde ?
Et bien à la base c’est, « in the eye of the beholder » (dans l’œil du témoin) que la blonde scandinave est vue. Le regard qui n’appartient qu’à l’homme. « Elle est grande et ses cheveux sont blonds, elle adore faire des choses sales, Scandinavian Blonde. Elle parle avec un accent mélodique, enfantine et sauvage en même temps, elle utilise des mots expérimentaux, comme si elle les jetait par accident, Scandinavian Blonde, blablabla… « . C’est assez politique, je suppose. C’est sur le racisme qu’on subit, moi et les fausses blondes. (rires)
Traduction : Julien Coquet
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