Un couple, le blues et beaucoup d’électricité : sexy et rugueux.
(Happy Parts Recording/La Baleine)
N’était-ce ce titre tordant, qui moque allégrement la mythologie hippie, on pourrait facilement assimiler le duo New-Yorkais à un de ces antiquaires scrupuleux, reproduisant au détail près quelques encombrants meubles des 60’s – les Doors, surtout. Mais si Tommy Eisner sonne souvent comme Jim Morrison, d’une voix grave, mâle, envahissante de virilité, il lui arrive aussi de trouver dans les sixties des modèles moins écrasants – Tim Buckley ou Phil Ochs tirent également avec insistance sur ses cordes vocales. Il partage surtout avec Morrison un goût pour les blues forts en odeurs fortes, déglingués et salaces. En duo à forte vibration érotique, le barbu hagard et sa belle Suédoise jouent ainsi une musique déconnectée, brute et pourtant distinguée, archaïque et pourtant moderne dans ses dynamiques, ses pulsations. Il faut dire que la production tranchée de Chris Cody (TV On The Radio), en surjouant les déluges électriques et les harmonies en couple maudit, fait beaucoup pour situer ces blues déglingués – pensez à une rencontre du Gun Club et des Kills – dans leur époque, dans le chaos post-moderne qu’est le rock de Brooklyn. Une scène incestueuse que ce couple d’une autre époque a plaqué, en camping-car, pour un voyage initiatique vers les déserts californiens. Où, aux dernières nouvelles, il ferait hurler de plaisir les coyotes et le cadavre de Gram Parsons.
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