Cofondateur de Marquis de Sade et producteur de l’album à succès “La Notte, La Notte…” d’Étienne Daho, le musicien breton est décédé, jeudi 14 mars, à 65 ans.
“Mon cher Frank, mon ami, toi sans qui… Des milliers de souvenirs affluent et les mots ne me viennent pas pour exprimer ce vide. Merci d’avoir été dans ma vie et de l’avoir changée à jamais”, a écrit ce matin Étienne Daho dans un post bouleversant sur Instagram, après avoir appris la mort soudaine de Frank Darcel, qui a chuté, jeudi 14 mars 2024, d’une falaise à Ribadeo dans le nord-ouest de l’Espagne. Après le suicide de Philippe Pascal, leader charismatique de Marquis de Sade, c’est désormais son cofondateur, né le 26 septembre 1958 à Loudéac (Côtes-d’Armor), qui disparaît à 65 ans.
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Groupe séminal du post-punk français, monté l’été 1977 par le guitariste Frank Darcel et le bassiste Christian Dargelos, Marquis de Sade a publié deux albums marquants, Dantzig Twist (1979) et Rue de Siam (1981), avant de splitter en raison d’une bataille d’ego. Si Philippe Pascal se réinvente en Marc Seberg, Frank Darcel fonde Octobre avec d’anciens musiciens de Marquis de Sade, Patrick Vidal (Marie et les Garçons) et Arnold Turboust, puis Senso, avec un certain Pascal Obispo.
Déjà présent au générique de l’inaugural Mythomane (1981) d’Étienne Daho, Frank Darcel produit La Notte, La Notte… (1984), le premier disque à succès du chanteur rennais d’adoption, puis le hit Tombé pour la France l’année suivante. “Je viens d’apprendre le décès de Frank, a réagi le chanteur Arnold Turboust, j’ai peine à croire cette mauvaise farce, je suis tellement triste, je lui dois tant, probablement le fait d’être entré dans le monde de la musique avec Marquis de Sade, puis Octobre et Étienne.”
Producteur (notamment pour Alan Stivell et des artistes portugais·es pendant la seconde moitié des années 1990 où il vit à Lisbonne), mais également écrivain (Le Dériveur, L’Ennemi de la chance, Voici mon sang, Vilaine blessure), Frank Darcel sort son disque solo Atao en 1995 et remonte un nouveau groupe, Republik, tout en s’impliquant dans la vie politique rennaise.
Enraciné dans ses terres natales bretonnes, il avait également fait paraître au début des années 2010 une anthologie en deux tomes sur le rock régional, ROK : 50 ans de musique électrifiée en Bretagne, dans sa propre maison d’édition et structure discographique LADTK (Les Amis du Tuchenn Kador).
Homme aux mille ressources et à la carrure de rugbyman, Frank Darcel décide avec Philippe Pascal de reformer Marquis de Sade, trente-six ans après leur séparation. “La soirée fut assez drôle, se remémorait-il dans Les Inrocks. Le noyau dur était réuni pour la première fois depuis trente-six ans. On a un peu picolé. Philippe avait une pique pour chacun d’entre nous, mais, de fil en aiguille, l’idée de rejouer ensemble s’est installée.”
Un concert mémorable, enregistré et filmé le 16 septembre 2017 au Liberté à Rennes, laisse augurer l’impensable : une nouvelle tournée, et surtout un troisième album, dont l’élaboration compliquée et douloureuse est percutée par la disparition brutale de Philippe Pascal le 12 septembre 2019. Sous l’impulsion de Frank Darcel, Marquis de Sade devient Marquis, et deux albums, Aurora et Konstanz, sortiront pour perpétuer le rock fiévreux de la formation originelle. Final Fog, brouillard définitif.
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