Les Américains tentent de moderniser leur pop : de la décoration à la truelle.
Il en va de la pop-music comme de la vie politique : le dégagisme est en marche. Sous l’impulsion pressante des producteurs et démiurges venus à un affolant rythme quotidien des périphéries du r’n’b ou de l’electro, par tous ces héritiers de James Blake, The Weeknd ou Drake, la pop-music telle que nous la connaissions s’est irrémédiablement ringardisée. Pas ses musiciens qui s’appuient sur un songwriting tellement souverain qu’il tend à l’intemporalité – comme, sans le moindre recours à l’autotune sacré, l’ont récemment prouvé Mac DeMarco, Parcels ou Fleet Foxes. Non, juste ceux qui reposaient sur une production testée en soufflerie, toujours efficace mais vaine, ceux qui ne tenaient que par quelques gimmicks mélodiques et hameçons de moins en moins affûtés.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Depuis leur magique Pumped up Kicks de 2010, les Californiens de Foster The People semblaient inexorablement condamnés à une retraite anticipée par les progrès de la technologie. On saurait prospérer, mais on ne saurait pas vivre en composant des hymnes dont le seul but semblait d’accompagner des pubs télé. Manufacture en déclin de tubes pop rutilants et malins, Foster The People relevait pourtant glorieusement la tête ce printemps. Avec sa chanson Pay the Man, le groupe renouvelait l’exploit réussi par Bon Iver avec le folk ou Dirty Projectors avec le rock : détourner à des fins personnelles la modernité et audaces des productions urbaines sans défigurer sa propre musique. Car là où tant de ces greffes grossières ne prennent pas, aussi convaincantes que l’application de Formica sur du bois vermoulu, l’intrusion de ces techniques et sorcelleries soniques laissait ici entrevoir beaucoup d’espoirs.
Suiveurs de mode dépassée
Malheureusement, ce troisième album sent trop le mariage forcé entre les genres : certains titres se jouent même aux limites du ridicule. On ne demande pas à Houellebecq d’être champion de hand spin ; on ne réclame pas à Foster The People des sons urbains déjà dépassés le temps qu’ils soient ainsi adaptés, édulcorés. On ne peut que saluer la prise de risque et constater son échec : d’autres groupes pop confrontés à la même question de la pertinence en 2017 vont se casser pareillement les dents sur ce mur du son qui ne cesse d’évoluer. D’autres, comme Arcade Fire ou Foals vont habilement le contourner.
{"type":"Banniere-Basse"}