Lazerboy est le termite de la musique de jeunes. De la pop au trip-hop, il s’attaque à toutes les rognures et fait le beau. David Lazonby invente sa propre mode : il porte des sandales de geisha, un costume approuvé par Alain Madelin et ne sort jamais sans son attaché-case et un masque d’extraterrestre de […]
Lazerboy est le termite de la musique de jeunes. De la pop au trip-hop, il s’attaque à toutes les rognures et fait le beau.
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David Lazonby invente sa propre mode : il porte des sandales de geisha, un costume approuvé par Alain Madelin et ne sort jamais sans son attaché-case et un masque d’extraterrestre de Roswell. Sa musique est à son image. On l’imagine dans sa banlieue de Leeds avec un Best of indie top 20 sous le bras et une volonté inébranlable de tout casser pour mieux reconstruire la pop, le rock et le trip-hop à sa manière et en mieux. Car Lazerboy est un artiste paysagiste : confiez-lui n’importe quel style de musique, il y plante sa petite graine (de folie). Il appelle son premier album Forget nothing, et c’est vrai qu’il n’a rien oublié ni personne, ouvrant son album sur une pop-song spasmodique, où l’écosystème de nos étangs et marais le rejoint pour un refrain débile. Il s’attaque à la pop à guitares aussi, puis au reggae. Ainsi ce You’ll never no chanté par l’amie Kim Birtwell, où l’on croit surprendre une Lio au réveil précipitée dans un shaker. Cette attitude conduit au jouissif lorsqu’il s’attaque au Wake up Boo de la grande sœur, avec breaks à la Buzz l’Eclair et clarinette qui dérape bien dans le virage. Plus loin encore, il s’occupe de sentiments avec un Tomorrow person à côté duquel le Cry de Money Mark sonne franchement stalinien. On l’entend aussi chanter « My love is like a rainbow » avec la voix de Daffy Duck sur le titre de clôture, et on ne peut s’empêcher de se sentir à chaque fois légèrement inquiet pour l’être aimé. Enfin, lorsqu’il lâche les chiens (Shaky Bob’s theme) ou invite une intersyndicale (Shortwave but why) dans son trip-hop, on se dit qu’on ne pourra plus jamais considérer avec le même œil les productions du label Mo’Wax. On cherche des précurseurs, mais on n’en trouve pas. On pense bien à Mercury Rev ou Ween à l’écoute de Forget nothing, mais la densité d’idées atteint ici un niveau jamais égalé. Lazerboy est celui qui injecte des brochettes de piranhas dans le confortable, qui complique ce qui était auparavant si simple, qui fait fleurir des gerbes d’étincelles sur le béton de la mode. Soudainement, on trouve encore un troisième degré à sa musique, car loin d’être seulement un talentueux parodiste et un arrangeur hors pair, David Lazonby crée des mélodies si belles et enlevées que le doute n’est pas permis : sous le masque du clown Roswell, il a aussi su planquer une vraie sensibilité.
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