Il paraît que la musique de Ganger est aussi faite pour danser, ce qui doit être concevable la bave aux lèvres, en gardant les dents serrées, à la kermesse de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Ils sont avec Quickspace le seul groupe britannique qui à la fois aime le krautrock et en propose une […]
Il paraît que la musique de Ganger est aussi faite pour danser, ce qui doit être concevable la bave aux lèvres, en gardant les dents serrées, à la kermesse de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Ils sont avec Quickspace le seul groupe britannique qui à la fois aime le krautrock et en propose une relecture neuve. Car là où, de Chicago à Düsseldorf, on nettoie bien son studio avant de jouer, cherchant avec une rigueur toute mathématique le son parfait, ces Britanniques ont choisi le chemin inverse. Ils branchent tout en même temps et donnent libre cours à leurs pulsions. Fondé à partir des débris de divers groupes de la scène rock de Glasgow, Ganger n’aime pas les guitares et compte deux bassistes et deux batteurs dans ses rangs dont celui de Bis, curieux transfuge. Cet album consiste en une compilation de leurs trois singles complétée par un ajout de qualité : un Fore qui sonne comme le Pump up the volume de MARRS repris par Joy Division. C’est que la mélancolie méchamment violente du groupe mancunien a trouvé refuge chez Ganger, jusqu’à évoquer parfois le spectre d’un No love lost privé de guitares et truffé de vieux synthés. Plus de la moitié de l’album est composé de longues autoroutes rythmiques, lointaines déclinaisons du Mother sky de Can. Souvent, de brusques changements de rythmes font rentrer les titres sur la voie d’accélération, les faisant alors sonner comme du King Crimson joué en 16 tours/minute. Plus surprenantes encore sont ces incursions dans le free-jazz, où les cuivres s’entrecroisent autour d’un redoutable barrage rythmique. Mais c’est lorsque Ganger réussit à assommer dans les cinq minutes que le groupe est le plus dangereux. Smorgasbord le voit alors récupérer les débauches d’émotion et la clarinette fêlée de Movietone, truffer le morceau de contradictions, frôler la perfection. Certes, c’est l’à-peu-près et le batteur tout-muscles qui commandent chez les Ecossais. Certes, les cartes postales qu’ils nous offrent sont moins saturées de couleurs que celles de leurs collègues américains. Néanmoins, Ganger a réussi l’essentiel : faire passer plus d’émotions humaines dans les huit titres ici présentés que Tortoise en quatre albums.
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