Décidément, le label Lithium choisit toujours la facilité. Un rapide survol des dernières sorties maison suffit à le démontrer : après la détonante trilogie du chaos publiée en moins d’un an par les énigmatiques Oslo Telescopic et le ra(va)geur Mon cerveau dans ma bouche de Programme, voici venu le tour du peu prévisible et guère […]
Décidément, le label Lithium choisit toujours la facilité. Un rapide survol des dernières sorties maison suffit à le démontrer : après la détonante trilogie du chaos publiée en moins d’un an par les énigmatiques Oslo Telescopic et le ra(va)geur Mon cerveau dans ma bouche de Programme, voici venu le tour du peu prévisible et guère médiatisable Nima Majd, dont l’insolite patronyme, propice à de fâcheuses confusions (Nimajd ? DJ Nina ? Ninja M ? Pijamad ?), n’est pas l’atout premier. Fort heureusement, cet Iranien presque trentenaire basé à Washington, a plus, ou mieux, qu’un nom à proposer. On se gardera cependant bien d’avaliser les comparaisons écrasantes déployées par une bio à l’enthousiasme disproportionné (Hendrix, Mingus, Nick Drake…). Dans la foulée, nous préciserons à l’attention des conduits auditifs obtus épouvantés par l’idée même de musique orientale alors que, naturellement, ils n’en ont jamais perçu l’esquisse de commencement d’une note que Nima Majd ne se veut pas un gentil citoyen des musiques du monde, confit d’humilité et de bonne volonté, et ne cherche pas une seconde à nous refourguer un vulgaire échantillon de camelote folklorisante en conserve, certifiée bonne comme là-bas, dis. C’est aux sources troubles et opaques du blues américain le plus noueux celui jadis (c)hanté par Robert Johnson et aujourd’hui colporté par de satanés prêcheurs comme Mountain Goats, Cat Power, Hammel On Trial ou encore (souvenez-vous) Nirvana que notre homme de Téhéran est allé s’abreuver pour composer ces dix aubades écorchées. S’il n’éveille parfois guère plus que
de la curiosité bienveillante, cet album le doit peut-être aux effets pervers d’une érudition finalement inhibante et contrariant l’émergence du style propre de son auteur. Engoncé dans un respect excessif de ses maîtres, Nima Majd doit maintenant apprendre à oublier ce qu’il a appris et à meurtrir ces doigts incontestablement agiles sur le bout desquels il connaît ses classiques.
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