Avec un quatrième album, Belle And Sebastian confirme les talents de songwriter et de mélodiste du génial Stuart Murdoch. Aux nombreux clichés d’Ecosse, on pourrait ajouter la dernière légende du cru, celle d’une étrange communauté d’ados attardés cultivant de charmantes mélopées rurales comme d’autres font du fromage de chèvre et qui peuple d’une pop entêtante […]
Avec un quatrième album, Belle And Sebastian confirme les talents de songwriter et de mélodiste du génial Stuart Murdoch.
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Aux nombreux clichés d’Ecosse, on pourrait ajouter la dernière légende du cru, celle d’une étrange communauté d’ados attardés cultivant de charmantes mélopées rurales comme d’autres font du fromage de chèvre et qui peuple d’une pop entêtante et gracile, teintée de folk doucereux et mélancolique, les entrailles austères de l’église de banlieue sage qui leur sert de maison. Peu amène aux rumeurs de la ville, Stuart Murdoch, à la tête de Belle And Sebastian, s’est également taillé, depuis la formation du groupe, une solide réputation d’emmerdeur public, à force de protéger jalousement l’intimité secrète de sa joyeuse équipe dans un mutisme autiste. Résultat des courses : des photos triées sur le volet où il n’apparaît jamais et pratiquement pas d’interviews. Ne filtre que l’essentiel : les chansons, délicats ouvrages de broderie anglaise, écrits sur du vent, mêlant guitares sèches et cordes humides. Des mélodies pastel, murmurées d’une voix aigrelette, où plane l’ombre lointaine des Go-Betweens, des Smiths et de Simon & Garfunkel.
Quatrième album consommant le départ sans heurt du bassiste Stuart David, Fold your hands child, you walk like a peasant un titre que Murdoch semble brandir comme un manifeste ironique à l’adresse de ceux qui raillent encore ses mines de chef scout succède en beauté au somptueux If you’re feeling sinister et au plus décevant Boy with the arab strap. La tonalité générale de l’album baigne dans la clarté mousseuse et ombragée d’une production délestée pour l’essentiel de ses oripeaux rythmiques, pour n’en garder que la substantifique moelle : des morceaux simplissimes, frôlant le minimalisme, mais recelant des trésors harmoniques de fragilités vocales, de maladresses instrumentales, de splendeurs mélodiques.
Tout en creusant son éternel (micro)sillon, Murdoch pousse la mélodie dans ses ultimes retranchements, sème et récolte des coquelicots dans un champ de patates. Reposant sur les frêles épaules de la douce Isobel, le charme ingénu de Beyond the sunrise et la balade vespérale de Waiting for the moon semblent répondre aux tempêtes existentielles de Murdoch (I fought in a war, Chalet lines, Don’t leave the light on baby, dont le timbre crescendo rappelle l’élégiaque Mother nature’s son de McCartney), ce qui donne de merveilleuses envolées, éblouissantes de grâce et de lyrisme rentré. Si l’on ferme poliment les yeux sur les excroissances de variet’ seventies des deux plus mauvais morceaux de l’album (The Wrong Girl et Woman’s realm), Murdoch confirme non seulement ses talents fabuleux de songwriter, dont l’écriture ample et débridée outrepasse largement la circonférence de son nombril, mais se révèle également un mélodiste d’importance.
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