Comme Radiohead, Foals incarne une certaine idée du rock expérimental anglais. A l’heure du périlleux second album, le groupe d’Oxford a choisi de s’isoler, frôlant la folie pour accoucher dans la douleur d’un grand moment de volupté.
“Ce qui change beaucoup, c’est que nous avons écrit cet album à un volume sonore plus bas. Pour Antidotes, nous jouions comme un vrai groupe rock, très fort, très vite, dans l’instant. Cette fois, j’ai pensé un peu plus clairement aux paroles, à la manière dont je voulais qu’elles s’insèrent dans les morceaux. Ça nous a permis d’avoir des conversations sur ce que nous faisions… C’est de là, je pense, que proviennent les nuances et les subtilités qu’on trouve sur cet album, sans doute plus que sur Antidotes.”
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Tel est le paradoxe du plus pop et plus divers Total Life Forever : conçu dans les angoisses et la douleur, dans la tension électrique d’un huis clos monomaniaque, il part haut, très haut explorer des espaces à l’amplitude impressionnante. Violents courants d’air frais sur terra incognita. Fans du groupe, ouvrez grand vos esprits : vous risquez, dans le cas contraire, de ne pas reconnaître vos ouailles.
Dès l’introduction de l’exceptionnelle Blue Blood, en ouverture de l’album, il faut quelques longues secondes et les premiers arcs électriques pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’une harmonie vocale céleste des Fleet Foxes mais bien d’un morceau de Foals. Les garçons ont dessiné avec un nuancier bien plus riche les paysages vallonnés de leurs influences.
Il y a dans la tubesque This Orient, dans la romantique puis brutale After Glow ou dans Black Gold du Mogwai, du Yeasayer, du Bloc Party, du Cure, du LCD Soundsystem. Un funk extraordinaire dans la chanson-titre, des beautés hallucinantes et psychédéliques dont, malgré la confiance, on n’imaginait pas le groupe capable (la sublime Spanish Sahara), des mains de velours dans des gants de crin électrique, des pleins et des déliés absolument passionnants.
Formidable et étonnant de bout en bout, Total Life Forever se révèle la grande oeuvre d’un groupe beaucoup plus mûr, à l’écoute de ses contrastes et de ses complexités. Yannis Philippakis : “J’ai l’impression qu’on ressent plus clairement les choses, la mélancolie, la joie, et les nuances qu’il existe entre les deux. Cet album est comme un yoyo : il y a des hauts et des bas. Il me donne l’impression qu’on a ouvert une fenêtre et que ça a créé beaucoup de mouvement.” Bise glacée ou rayons bienfaiteurs : tout est possible pour qui accueillera ces offrandes.
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