Après “Le Monde du vivant”, son premier roman paru en 2020, le poly-instrumentiste berrichon renoue brillamment avec la veine de “Gargilesse” et “Rio Baril”.
“Je venais juste de terminer mon premier roman, on annonçait le premier confinement. Je ne pensais pas repartir en écriture tout de suite. Je ne pensais même pas à l’écriture d’un nouvel album de chansons”, lâche franchement Florent Marchet dans la biographie de Garden Party, son cinquième disque espéré depuis Bambi Galaxy en 2014.
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Mais le confinement – historique – a changé la donne pour son auteur-compositeur-interprète qui, plutôt que d’attendre la saint-glinglin, se remit “de justesse” au piano depuis sa demeure-studio de Maisons-Alfort où il vit en famille depuis des années.
“Des histoires qui se passeraient dans des quartiers résidentiels, derrière les murs, en France, l’envers du décor en somme”
Car si Bambi Galaxy lui valut quelques honneurs, dont la couverture des Inrockuptibles, ce disque embarquait Florent Marchet dans une odyssée futuriste à la Katerine/Houellebecq qui, avec le temps, s’avérait moins convaincante que ses premiers pas discographiques, inspirés par son Berry natal (Gargilesse, 2004) et son appétence pour la chanson paysagère (Rio Baril, 2007). Au point qu’il fut souvent apparenté à Sufjan Stevens, autre géographe musical avec qui il partage une science certaine des arrangements d’orfèvre.
Dans ce pays devenu soudainement silencieux au printemps 2020, Florent Marchet puise son inspiration dans “des histoires qui se passeraient dans des quartiers résidentiels, derrière les murs, en France, l’envers du décor en somme”. Avec sa manière singulière de marier mélodies pop et textes crus, le quadragénaire retrouve, dès le single d’ouverture De justesse, son savoir-faire lumineux, passant en revue les sujets qui lui tiennent habituellement à cœur.
Un observateur pointilleux et aquoiboniste
Parmi ces thèmes de prédilection, les enfants (De justesse, La Vie dans les dents), la famille (Paris Nice, En famille), les amis (Freddie Mercury, Les Amis), les soubresauts sentimentaux (Cindy, L’Éclaircie ou l’Incendie), la vie vide (Créteil Soleil), les envies d’ailleurs (Loin Montréal, en duo touchant avec P.R2B), la dépression (Lindbergh-Plage) et les violences conjugales (Comme il est beau).
En observateur pointilleux et aquoiboniste, Florent Marchet sait trouver les mots justes, la formule qui fait mouche. Loin de se contenter de son seul piano droit ou à queue, comme lors de sa tournée préalable pour interpréter ses nouveaux morceaux en public, le chanteur s’entoure d’une violoncelliste (Anne Müller), d’un batteur (Raphaël Chassin), d’un joueur d’ondes Martenot (Marc Chouarain), d’une section de cuivres et, bien sûr, de son complice guitariste François Poggio, qui l’accompagne depuis ses débuts en 2002, à l’époque de CQFD (l’ancêtre des InrocksLab).
Peuplée de personnages multiples aux trajectoires diverses, la Garden Party de Florent Marchet pourrait, selon son auteur, se traduire par “paradis perdu, si on voulait être lacanien du dimanche”. Ce n’est pas la moindre vertu de ce cinquième album à l’inspiration pleinement retrouvée.
Garden Party (Nodiva/La Bréa/Wagram). Sortie le 10 juin. Concerts le 17 juillet aux Francofolies de La Rochelle, le 8 novembre à Paris (Café de la Danse).
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