Sur son deuxième album, le neuroscientifique Sam Shepherd illumine le dance-floor et votre salon.
Originaire de Manchester, producteur à tête de nerd, cofondateur du label Eglo Records plutôt versé dans les musiques dites expérimentales, mais aussi neuroscientifique de son vrai job, Sam Shepherd n’arrête pas sa progression. Connu à ses débuts comme un excellent DJ, résident de feu les soirées Plastic People, où la scène dubstep londonienne s’est cristallisée, et après de longues années à lâcher irrégulièrement des singles où son envie de mélanger les nappes de l’ambient aux rythmiques hachées de la scène dubstep avançait hésitante, Floating Points a, en 2015, mis tout le monde d’accord avec Elaenia.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Assimilé à la scène post-dubstep
Un album horizontal mais tout en fractures et hommages où s’inscrivaient son amour de la bass culture, sa passion pour l’ambient, l’héritage de l’IDM des débuts du label Warp, voire le krautrock. Mais aussi son adoration pour Mark Hollis de Talk Talk, son enthousiasme immodéré pour le jazz (on renverra les passionnés vers son bootleg du I’ll Wait for You de Sun Ra), comme ses influences non dissimulées pour des projets mutants comme Innerzone Orchestra de Carl Craig ou 4 Hero.
Avec en filigrane, entre les sillons, le besoin de ralentir le rythme, de fusionner les styles ou de s’amuser des accidents sonores de ses synthés modulaires. Assimilé à la scène post-dubstep – comme Jamie xx, Caribou ou Four Tet, tous producteurs qui décortiquent la rythmique house pour mieux en garder le substantifique groove –, Sam Shepherd navigue entre les flux avec Crush, un second album qui emprunte autant aux envolées de la musique classique (aidé en cela par le Floating Points Ensemble qu’il a monté de toutes pièces) qu’aux déflagrations rythmiques du dubstep, aux bleeps des synthés modulaires tout en passant par des morceaux aventureux.
Ainsi de LesAlpx qui convoque la transe comme et des interludes en forme de réminiscences nostalgiques de la bande originale de Blade Runner. Producteur touche-à-tout, aussi romantique qu’énervé, expérimental que fonctionnel, Floating Points délaisse l’ambient sophistiquée d’Elaenia pour hybrider à tout-va, passant avec Crush du dance-floor au salon avec la même aisance.
Crush (Ninja Tune/PIAS)
{"type":"Banniere-Basse"}