Avec le label Roche Musique, il invente un nouveau son fait pour chiller. Son premier album est à découvrir en festivals en ce moment.
“La musique, c’est des souvenirs.” “Chaque chanson est une histoire.” “Il y a une couleur derrière chaque son.” FKJ s’exprime avec ce genre de petites punchlines pleines de poésie. Quand on le rencontre à Paris, lui et ses dreads donnent des interviews à la chaîne. Il répond aux questions, détendu, sans forcer le trait de l’artiste-à-part ni exagérer l’intellectualisation d’une musique qui se balade plutôt, disons, dans le champ de la sensation, du ressenti, de l’instinct. Une approche que le label Roche Musique a instaurée en rassemblant, depuis quelques années, une bande de potes esthètes mais à la musique faussement esthétisante.
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Un album chaud
Il fait hyperchaud dans le premier album de FKJ. Ça transpire, ça s’agite un peu, ça se fout progressivement à poil… Le garçon entretient une vision de la musique électronique qui s’éloigne progressivement de l’univers parfois sec des clubs. Il a passé deux ans sur son album, et donc deux ans à se tourner plutôt vers le live, les instruments, la nature.
La nature, oui, et plus précisément celle des Philippines, où FKJ a bricolé une partie de cet album. Pourquoi les Philippines ? Parce que sa copine habite là-bas, “dans la jungle”, précise-t-il avant d’ajouter : “Je suis plus calme qu’avant, et ma musique est plus contemplative, plus reposante. J’aime bien partir aux Philippines pour me ressourcer, de préférence sans connexion internet.”
Sous le blaze graphique et mystérieux de (((O))), la copine de FKJ laisse d’ailleurs traîner sa voix sur le cinquième morceau de l’album, Vibin’ out, et c’est effectivement un des plus jolis moments de paix entendus cette année.
De « French Kiwi Juice » à Roche Musique
Vincent Fenton est né à Tours il y a vingt-six ans. Sa mère est française et son père néo-zélandais – d’où cet acronyme, FKJ, pour French Kiwi Juice. Vincent grandit au milieu de la collection de disques de ses parents, et comme il n’a pas le droit de regarder la télé plus de trente minutes par jour, il y traîne vraiment beaucoup. Dans cette collection, il se souvient des vieux Pink Floyd, de Queen, Led Zeppelin, Santana. “Des trucs de darons, quoi…” Puis viendront Ben Harper, Red Hot Chili Peppers, ce genre de choses, quand, à 12 ans, il se met à emprunter la guitare de sa sœur. Il télécharge des tablatures, essaie et apprend plein de choses, et construit petit à petit ce qui deviendra l’univers musical de FKJ.
Le temps passe à Tours. La team Roche Musique s’y invente autour de Jean Janin, alias Cézaire. Puis, certains bougent avant de se retrouver plus tard à Paris. Pour sa part, Vincent se réfugie un temps à Angoulême pour des études d’ingé son où il apprendra à produire lui-même sa musique.
Aujourd’hui, devenu FKJ, Vincent cite Hiatus Kaiyote, Solange, Tennyson, Anderson.Paak ou encore The Internet parmi les trucs qu’il écoute, sans compter son entourage au sein de la maison Roche Musique (Dune, Kartell, Darius, Plage 84, Zimmer, Saje, etc.). ”On s’influence pas mal entre nous, dit-il. On a un studio, donc on s’y retrouve souvent. On écoute beaucoup ce que font les autres. On s’échange des conseils, des critiques…”
Un album de voyage
En novembre dernier, Cézaire nous racontait que “le label s’appelle Roche en référence au track de Sébastien Tellier”. Il poursuivait, confirmant toute l’esthétique qu’on voit aujourd’hui fleurir chez FKJ : “Ce morceau évoque des couchers de soleil, la plage… Je voulais créer cette ambiance, en mettant de côté tout ce que je peux avoir de dark en moi. Le voyage, le rêve, le soleil, la nature : il y a ça chez tous les artistes du label.”
Sans le savoir, Cézaire chroniquait en fait le premier album de FKJ, dans lequel ce dernier raconte ses voyages un peu partout, et surtout dans sa tête, là où les choses se passent avant tout. “Les meilleures idées que j’ai, dit-il, elles viennent quand je suis en scooter, sous la douche, à l’aéroport… bref, presque jamais en studio. La musique vient si t’as des mélodies dans la tête, tout simplement. Si t’en as pas, ben…” Ben dommage. Mais ce problème, FKJ ne l’a visiblement pas.
album French Kiwi Juice (Roche Musique)
concert le 13 mai au festival Nuits Botanique (Bruxelles) puis en tournée
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