Le cinquième album de Jim Murple Memorial aurait pu voir le jour dans les années 50 à La Nouvelle-Orléans ou dans les années 60 à Kingston, tant l’écoute prolongée d’un tel disque fait sérieusement perdre la concordance des temps et des lieux. On entend d’ailleurs sur Five n’Yellow des musiques que l’on pensait réservées aux […]
Le cinquième album de Jim Murple Memorial aurait pu voir le jour dans les années 50 à La Nouvelle-Orléans ou dans les années 60 à Kingston, tant l’écoute prolongée d’un tel disque fait sérieusement perdre la concordance des temps et des lieux. On entend d’ailleurs sur Five n’Yellow des musiques que l’on pensait réservées aux livres d’histoire, des musiques dont le langage aurait logiquement du se dissoudre dans notre modernité aveugle. Mais les musiciens de Jim Murple Memorial n’en font qu’à leur tête et réhabilitent avec passion l’art ténu du calypso, du reggae, du rocksteady ou du rythm’n’blues, le tout enregistré en mono, « à l’ancienne ».
Il y en a bien qui rouspéteront, au nom d’un intégrisme musical répugnant ; les autres se contenteront de danser, le sourire aux lèvres. Car il n’est nullement question ici d’assister à un cours d’histoire dispensé par une bande de réactionnaires partisans du « c’était mieux avant ». Tout l’art de Jim Murple Memorial repose en effet sur une seule idée : célébrer le moment présent. Et qu’y a-t-il de plus épicurien que d’organiser une fiesta de tous les diables ? Et ça tombe plutôt bien, car les musiciens de Jim Murple Memorial forment l’orchestre de bal ultime.
A sa tête, l’exquise Nanou fait office de meneuse de revue. Elle chante d’un petit brin de voix sensuelle et sur un ton badin les félicités de l’amour (Qui que l’on soit ; Give Me Your Love) ou les joies de la fête et du laisser-aller (It’s Easy ; Reggae Party). A ses cotés, on retrouve Romain Dallaine, pétillant guitariste aux sonorités chaudes et extraverties, épaulé par une section rythmique qui pratique le swing avec une nonchalance parfaite.