En même temps qu’Elvin Jones, Steve Lacy s’éteignait cette année, peu après avoir quitté la France pour enseigner outre-Atlantique. En un demi-siècle de travail acharné, celui qui apparaît comme le grand spécialiste du soprano était également un compositeur hors pair. Constamment présent, sur scène et en studio (il laisse une énorme discographie), il a marqué […]
En même temps qu’Elvin Jones, Steve Lacy s’éteignait cette année, peu après avoir quitté la France pour enseigner outre-Atlantique. En un demi-siècle de travail acharné, celui qui apparaît comme le grand spécialiste du soprano était également un compositeur hors pair. Constamment présent, sur scène et en studio (il laisse une énorme discographie), il a marqué la musique d’une empreinte indélébile, bien au-delà des frontières du jazz. Commençant par le dixieland au milieu des années 50 avant d’être à jamais saisi par Monk ; faisant ensuite sienne la « new thing » sans que son militantisme d’alors ne l’emporte jamais sur sa vision, à l’instar d’un Coltrane plus globale, universelle ; inventant enfin, avec son sextet régulier parfois réduit comme ici à un quintet, une musique des plus belle.
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Réédité ces jours-ci, le bien nommé The Way, d’après Lao-tseu, rappelle les chemins qu’il emprunta de sa démarche lunaire. Tous semblent d’ailleurs converger de façon idéale, organisés dans un songbook d’une sidérante beauté. En dehors de quelques morceaux originaux interprétés sur scène en 1979 (dont un sur un texte du poète beat Brion Gysin), c’est l’intégralité de la suite éponyme qui sidère, avec ses chansons aux orchestrations dissonantes et ses improvisations débridées. On ne dira d’ailleurs jamais assez l’importance ici d’Irène Aebi, dont la voix, doublée au violon ou au violoncelle, façonne des climats entêtants. Douze ans après, Steve Lacy, qui n’aura jamais cessé de peaufiner cette œuvre, la jouera en solo. C’était une autre histoire, et encore un moment historique.
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