Enfin apaisé, Miossec est de retour avec Finistériens, septième album coécrit avec Yann Tiersen. Rencontre en Bretagne, où il s’est mis au vert.
Fin 2008, ils travaillent donc tous les deux, en quasi-autarcie, dans le studio de Tiersen. “Je pensais qu’il y aurait d’autres musiciens, mais Yann est un homme-orchestre. Il passait de la basse au Moog, de la guitare à la batterie. C’est assez impressionnant à voir.” En studio, la communication entre eux est d’une rare franchise, d’une belle sobriété. “Autant on est bavards sur le reste, mais là on ne s’est pas posé de questions. On avançait très simplement.” Les chansons sont finalement prêtes début 2009. “On avait ces titres en chantier et ça commençait à se savoir. Une copine du Quartz, une salle de spectacle de Brest, nous a proposé de les jouer. C’était une bonne idée de les tester chez nous. La date a été complète très vite, d’autres salles nous ont appelés, et on a décidé de se lancer dans une petite tournée, histoire de voir comment réagissait le public à notre travail. Puis on est rentrés en studio mettre tout ça en boîte.”
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Entendues live au début de l’année 2009, et désormais sur disque, les chansons qui composent Finistériens semblent vouloir emmener Miossec encore un peu plus loin que ses précédents albums. Certes, il y a les thématiques récurrentes : les filles qui vous font du bien, puis du mal, puis du bien (Chiens de paille) ; les faiblesses en tout genre, du jeu à l’alcool (Jésus au PMU, petit chef-d’oeuvre) ; le renoncement et les regrets (Une fortune de mer, bouleversant, Fermer la maison, des larmes) ; l’envie de repartir aussi, tant bien que mal (Loin de la foule).
Mais sur Finistériens, pour une fois, Miossec n’est pas dans son disque : il le surplombe avec une envie et une aura nouvelles. “J’en avais un peu marre de l’image du chanteur éthylico-bretonno-gaucho à fleur de peau. J’avais envie de creuser l’écriture, d’aller plus loin dans l’économie de mots. Je crois que c’est mon disque où il y a le moins de mots. Forcément, ils sont plus durs à trouver.” Finistériens s’écoute comme le signe d’une mue bashunguienne chez Miossec, une envie d’exploration certaine, à laquelle Tiersen participe activement, en fournissant le socle nécessaire à l’échappée.
Après deux heures de conversation, où on évoquera tour à tour Grover Lewis, le fantastique journaliste américain à qui Philippe Garnier vient de consacrer un livre, Marcel Béliveau, Cali, Vincent Delerm, Sarkozy aussi bien entendu, on parlera bien sûr de Bashung. “Sa mort m’a foutu un coup. Alain était un type tellement génial, il nous a ouvert tellement de possibilités. C’est à nous de saisir le truc maintenant, mais il va nous falloir du courage… Dans l’avenir, je ne sais pas trop ce que je vais faire, je sais que j’ai envie de rester ici, d’écrire sur les gens d’ici. Un truc à la Steinbeck un peu. Je ne sais pas si on peut en faire un disque… Mais il faut qu’on retourne à la gare, ça va être l’heure, je crois.”
Façon pudique de mettre fin à la conversation. Le trajet du retour sera tout aussi serein que celui de l’aller, bien qu’un peu plus sportif au niveau de la conduite… “Au revoir, on se revoit pour le prochain album, hein ? Je sais pas quand, hein ?” Miossec sourit, fait un petit signe de la main, puis démarre. Le break gris repart dans Brest.
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