Sombre et ardent, le remarquable nouvel album d’une activiste importante du rock indé américain, qui use de sa musique comme d’une arme.
Chanteuse et guitariste à forte personnalité, marquée au fer rouge par la découverte du punk durant sa jeunesse et fascinée en particulier par la figure de Patti Smith, Thalia Zedek compte parmi les femmes puissantes du rock indépendant américain, aux côtés de Kim Gordon et de Kim Deal – pour n’en citer que deux autres. Traçant son ombrageux chemin depuis près de quarante ans, elle a d’abord officié au sein de plusieurs groupes, parmi lesquels Live Skull et Come, duo culte des années 1990 formé avec Chris Brokaw (ex-Codeine).
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Au début des années 2000, elle décide de creuser un sillon plus personnel et signe trois albums sous son nom avant de créer le Thalia Zedek Band, groupe à géométrie variable. En outre, elle fait partie du trio E, récemment impulsé, auquel on doit deux albums – le dernier en date (Negative Work) étant sorti en mai.
La guerre à l’inertie est déclarée
Aujourd’hui, à l’approche de la soixantaine, Thalia Zedek poursuit sa route sans donner aucun signe de fléchissement. On peut idéalement le vérifier avec Fighting Season, l’excellent nouvel album du Thalia Zedek Band, dont le titre détourne une expression forgée durant la guerre en Afghanistan pour signifier la reprise des combats après la trêve hivernale. De fait, si le climat général de l’album s’avère aussi sombre que celui de notre époque, le ton n’apparaît jamais défaitiste. La guerre à l’inertie est déclarée : psaume électrique incitant au passage à l’action avec une ferveur viscérale, le morceau-titre sonne ainsi comme un manifeste vibrant.
Un rock orageux criblé de riffs stridents
A la tête d’un bataillon musical d’élite, dans lequel se distinguent notamment Chris Brokaw et Jay Mascis (Dinosaur Jr), Thalia Zedek arbore une attitude résolument offensive et déverse un rock orageux, criblé de mots ardents et de riffs stridents. De l’introductif et fulminant Bend Again au final et foudroyant Tower en passant par le déchirant War Not Won, l’album offre au total neuf morceaux intensément tourmentés, alliages superbes de pugnacité et de sensibilité.
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