Aux frontières de l’electro et du folk, un Anglais rêve en gris et multicolore.
Comme lui, il vient de Brighton, donne volontiers dans l’extravagance et parle couramment le panache : Ed Tullett est-il un cousin de notre Darren Tulett presque national ? Grosse différence : ce taciturne Anglais semble avoir réservé à sa musique seule le bénéfice de sa flamboyance. Il la consigne dans des chansons flottant entre acoustique évasive et électronique comateuse, ou alors dans des remixes largement personnalisés pour Bon Iver ou Local Natives. Mais si malgré leurs beats r’n’b, ses chansons jouent la plaine désolée, l’aridité, l’austérité même, Ed Tullett les survole à une hauteur de cascadeur, d’une voix de falsetto proprement insensée.
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Une voix qui imprime à cette musique de peu de vie, de peu de chose, une humanité et une chaleur sidérantes. A elle seule, elle ordonne le silence, la fin des affaires courantes, la démission de l’urgence, de la tension : cette voix venue de nulle part mais de très loin, riche d’expériences inconnues, dérange et ébranle. Elle anesthésie, ankylose quand arrive le besoin. De Malignant à Saint, elle murmure loin du chant des baleines : c’est celui du vaudou chez les méduses phosphorescentes, la chorale épique des grands fonds obscurs. Une des chansons de ce premier album s’appelle Are You Real?. On pose vraiment la question à Ed Tullett.
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