Les Femmes s’en mêlent : de Brigitte Fontaine à Elysian Fields, ce festival ne fréquente que l’excellence. Voire les hommes.
Pour sa première année d’existence, en 1997, le festival Les Femmes s’en mêlent se déroulait le 8 mars, apportant sa contribution musicale à la bien-pensante Journée de la femme. Quatre années plus tard, il dépasse largement ce cadre étouffant, invite ses meilleures trouvailles à l’étranger et se décentralise. Car si Paris (du 21 au 23 mars) a toujours droit à une programmation magnifiquement pointue, Nantes, Dijon, Dieppe et Poitiers (du 20 au 25 mars) ne sont pas en reste. La nouveauté, cette année, c’est que le festival compte de vraies têtes d’affiche, des bourlingueuses dont la réputation n’est plus à faire. Bien sûr, Les Femmes s’en mêlent reste cohérent et colle à
sa logique de promouvoir les filles de l’underground : elles ont beau être des stars, elles sont aussi des allumées, des défricheuses affranchies et affolantes. Ainsi, Brigitte Fontaine viendra, à Paris, dévoiler quelques extravagances de son nouvel album Kékéland qui paraîtra en mai. Kim Gordon, de Sonic Youth, présentera ses amis Jim O’Rourke (ubiquiste de la scène chicagoanne), Ikue Mori (ex-batteuse de DNA et proche de John Zorn) et DJ Olive au cours d’une performance entre improvisation et pure élégance. Joueront ensuite quelques demi-mondaines, celles qui n’en sont plus à leur coup d’essai mais n’ont pas non plus atteint la reconnaissance méritée :
la pulpeuse Jennifer Charles, d’Elysian Fields, échauffera les esprits avec ses chansons très Blue velvet, sexy et inquiétantes. Isabel Monteiro, à la tête des internationaux Drugstore, calmera le jeu avec les ambiances intimistes et posées de son somptueux troisième album, Song for the jet set. Tout pourra ensuite arriver avec Anjali et Natalia M. King. La première a enterré son passé de rrriot girl pour mieux renaître en vamp lascive, toute en mélodies capiteuses et rythmes charnels. La seconde, électrique baroudeuse afro-américaine installée à Paris, donne à ses chansons sur scène une intensité effrayante, avec un charisme habité proche de Jeff Buckley.
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La sainte mission de défrichage du festival se trouvera honorée avec quelques outsiders, trésors très cachés et probables révélations. Le secret folk le mieux planqué de Grande-Bretagne, Kathryn Williams, viendra présenter son deuxième album à la mélancolie contagieuse,
Little black numbers, qui la place aux côtés des meilleurs songwriters anglais, de Nick Drake à Beth Orton. Aussi discrète et douée, l’électronicienne Anne Laplantine fera sautiller sur son electro-pop, en prélude à un troisième album. Christina Rosenvinge copine de Sonic Youth et star en Amérique latine feutrera l’atmosphère avec son suave mélange bossa nova/folk. Enfin, les Franco-Allemands de Stereo Total feront régner un joyeux désordre et décoifferont un peu toutes ces demoiselles.
Bonne initiative pour rétablir la parité, le festival se poursuivra à Dijon dans le cadre plus général du festival Bubblegum par une soirée intitulée Les Hommes aussi, avec les Allemands exhibitionnistes de Mardi Gras Brass Band, les Little Rabbits, Experience et Calc. Histoire d’oublier cette artificielle scission, une dernière soirée intitulée Brigitte et ses gars mettant en scène Brigitte Fontaine, Bertrand Burgalat et TomMc Rae réconciliera finalement les genres, humains et musicaux.
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