Dédié à l’écriture contemporaine, le festival Auteurs en Actes (du 3 au 11 août) à l’Isle sur la Sorgue (Vaucluse) accueille cette année deux inventeurs d’un théâtre dynamique en banlieue parisienne : l’Echangeur et Gare au théâtre. Portrait de Mustapha Aouar, metteur en scène subversif et touche à tout, auteur de Avoir 20 ans à Alger.
A L’Isle-sur-la-Sorgue, l’écriture contemporaine devient danse et théâtre en prenant les chemins détournés d’une joyeuse école buissonnière. Marcos Malavia peut s’enorgueillir d’un beau palmarès. De Gao Xingjian à Michäel Clück, de Didier Van Cauwelaert à Didier-Georges Gabily, de Serge Valletti à Rodrigo Garcia, les auteurs qui ont participé aux rencontres d’écritures de l’Isle sur la Sorgue sont parmi nos préférés.
Parmi les invités de cette année, et parce qu’il aime les auteurs qui bousculent leur plume pour mettre leur écriture dans les corps, Malavia a choisi, avec Régis Hébette et Mustapha Aouar, de donner la parole à deux inventeurs de théâtre en banlieue parisienne. De l’Echangeur, à la porte de Bagnolet, à Gare au théâtre, installé le long des lignes de RER à Vitry, ce sont deux des lieux les plus dynamiques de nos banlieues qui sont à l’honneur à l’Isle-sur-la-Sorgue.
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Mustapha Aouar
Une goutte d’eau suffit à faire déborder un vase, c’est bien connu. Aussi, y a-t-il de la part de Mustapha Aouar autant d’humilité que de ferveur à dénommer sa compagnie La Goutte d’eau. Créée en 1985, elle compte à ce jour 43 créations dont la plupart ont été montées à Gare au Théâtre, une friche industrielle qui fut une halle de gare de frêt, désormais aménagée, avec Dieu sait quelles difficultés, en « fabrique d’objets artistiques en tous genres ». Au printemps dernier, Mustapha Aouar y avait repris Mise en intimité, un spectacle étonnant ? au point qu’il ne l’appelle pas spectacle mais « lecture onirique » – conçu d’après La maladie de la mort de Marguerite Duras.
Durant tout le mois de juillet, Gare au Théâtre propose la 3è édition de Nous n’irons pas à Avignon, où 28 compagnies de danse, de théâtre, de mime, des musiciens, des vidéos et des performances sont attendus. C’est là que va être créé Avoir 20 ans à Alger d’Aziz Chouaki, mis en scène par Mustapha Aouar, avant d’être repris au festival Auteurs en Actes. Le livre homonyme, Avoir 20 ans à Alger, paru au Salon du livre 2001 et édité par Alternatives, met en scène Alger, sous l’œil du photographe Bruno Hadjih et des textes syncopés d’Aziz Chouaki. A partir de ce double matériau, Mustapha Aouar a conçu un spectacle court et percutant qui rappelle et fait lien avec deux, au moins, de ses précédents projets montés en 2000, Actes de présence, ou la mise en espace sonore d’un travail sur la mémoire familiale et l’exil , et Harissa Tcha, Tcha, Tcha, ou le père indigne d’Aziz Chouaki, déjà?
Il est vrai que Mustapha Aouar a de bonnes raisons d’insister : né en Algérie, universitaire, musicien de jazz, écrivain et journaliste, auteur de poèmes, nouvelles, romans, scenarii et pièces de théâtre, il s’est installé en France en 1991. Ici comme là-bas, il raconte son pays et mêle dans son écriture, le kabyle, l’arabe des rues et le français. L’art du mélange, seul garde-fou contre la folie monomaniaque de la violence .
Avoir 20 ans à Alger, les 9 et 10 août à 21h 45 à La Tour d’Argent de L’Isle sur la Sorgue (84)
04 90 38 67 81 ou 04 90 38 10 65.
Auteurs en actes, du 03 au 11 août à L’Isle sur la Sorgue (84)
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