La musique, contrairement à la pensée, n’est pas unique. Pour preuve, le premier enregistrement du percussionniste français Youval Micenmacher qui, au gré des spectacles, des rencontres et des voyages, a croisé les chemins des musiciens traditionnels Kevan Chémirani et Kudsi Erguner et collaboré avec les éminents jazzmen que sont Jean-Marc Padovani, Gérard Marais, Louis Sclavis […]
La musique, contrairement à la pensée, n’est pas unique. Pour preuve, le premier enregistrement du percussionniste français Youval Micenmacher qui, au gré des spectacles, des rencontres et des voyages, a croisé les chemins des musiciens traditionnels Kevan Chémirani et Kudsi Erguner et collaboré avec les éminents jazzmen que sont Jean-Marc Padovani, Gérard Marais, Louis Sclavis et Claude Barthélémy… En partie issu d’une création en solo devant accompagner deux films muets de Germaine Dulac, La Coquille et le clergyman (scénario d’Artaud) et L’Invitation au voyage, lors du Festival Banlieues Bleues cuvée 1994, Fera feza réunit autour du percussionniste aux multiples peaux (batterie, bendir, daf, zarb, tof autant de percussions orientales) le clarinettiste et saxophoniste soprano Louis Sclavis, le violoniste Dominique Pifarély, le guitariste Gérard Marais, le pianiste Sylvain Rappaport, le tubiste Michel Godard, le saxophoniste soprano et baryton François Corneloup et le violoncelliste Vincent Courtois. Ces musiciens ont la faculté de déborder les frontières du jazz (à la recherche d’un folklore imaginaire ?) et partagent des préoccupations esthétiques similaires, dont l’acte musical est avant tout geste improvisé (« Pourquoi improviser, au fait ? Mille raisons à cela, mais il y en a une, aussi belle que dingue : que la vie ne nous rattrape pas », confie-t-il ce mois-ci à Jazz Magazine). Youval Micenmacher cultive l’art du vagabondage musical à cent lieues de tout « folklorisme » à la petite semaine qui ferait prendre un séjour au Club Méditerranée pour un séminaire ethnologique. En effet, ce disque à géométrie variable (duo, trio, quartette…) se présente en quelque sorte sous la forme d’un carnet de route d’un musicien nomade aux confins de la Méditerranée, point d’ancrage et de départ de ses histoires, de ses mélodies simples et chantantes. Au fil des plages s’affirment l’éclat des essences et des arômes, la richesse des couleurs et des climats, la force, parfois dramaturgique, des rencontres et des joutes. L’ensemble aurait pu être hétéroclite. Au contraire, il y a une unité de style, de regards, une harmonie à travers l’espace sonore, les paroles et les silences, qui fait de cet herbier musical aux lectures multiples un rare plaisir des sens.
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