Feels, le septième et nouvel album d’Animal Collective, marque une réinvention spectaculaire du son du groupe. Le précédent album, Sung Tongs, avait été fait à deux, explique Avey Tare. Juste Panda Bear et moi Nous en avons eu assez de cette formule et nous sommes partis en tournée avec les autres membres du collectif, Geologist […]
Feels, le septième et nouvel album d’Animal Collective, marque une réinvention spectaculaire du son du groupe. Le précédent album, Sung Tongs, avait été fait à deux, explique Avey Tare. Juste Panda Bear et moi Nous en avons eu assez de cette formule et nous sommes partis en tournée avec les autres membres du collectif, Geologist et Deakin. C’est en jouant sur scène que nous avons composé, testé et fait évoluer les morceaux de ce nouvel album, qui est du coup plus électrique.?
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Le groupe s’est aussi départi de ses habituelles méthodes d’enregistrement, consistant à faire pratiquement tout à la maison. Feels a été mis en boîte loin de New York, à l’autre bout du pays, à Seattle. Animal Collective s’est retrouvé là pour travailler avec un ingénieur du son discret, Scott Colburn, dont le studio est installé dans une ancienne église réaménagée. Colburn collabore avec deux groupes complètement inconnus du grand public, qui sévissent aux frontières du rock, du punk et de la musique expérimentale et dont les nombreux disques ont suscité pléthore de vocations : Sun City Girls et Climax Golden Twins. Avey Tare : La première fois qu’on a traversé le pays en voiture tous ensemble, bien avant d’être officiellement un groupe, c’était pour aller à Seattle voir un concert de Climax Golden Twins !?
Feels sonne comme une forme de pop très euphorique, teintée d’un ensoleillement tout hippie, notamment dans les manières de chanter et d’entonner des hymnes psychédéliques. Le disque est aussi très marqué par beaucoup d’autres formes musicales : de la techno, dont le groupe a retenu les leçons d’hypnotisme, aux musiques africaines et au rock le plus viscéral, dont Animal Collective a adopté les manières brutes, notamment dans ses percussions primales, pas très éloignées de celles du Velvet Underground.
Primitive, naïve, voilà une musique qui communique une forme de plénitude extatique, quasiment enfantine. Ainsi pour le morceau The Purple Bottle, qui donne l’impression de sortir tout droit d’une cour de récré où les enfants auraient été bourrés d’un cocktail d’amphétamines, de LSD et d’acides. Sur le magnifique Banshee Beat et le minimaliste Loch Raven, elle se dévoile tout aussi droguée, mais bien plus somnolente et décatie, se métamorphosant lentement en symphonies pulsées, aux accents hésitant toujours entre la mélancolie et le désarroi, l’éveil et la narcolepsie.
Animal Collective explore vraiment ça : un état aux limites de la conscience, un étourdissement des sens par l’accumulation d’impressions contradictoires. Plus qu’un groupe de pop ou de rock, ce collectif se renouvelle à chaque album et se dévoile invariablement comme un bonheur d’ambivalences irrésolues, bouleversantes pour le cœur et désarçonnantes pour les oreilles.
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