Les petites frappes anglaises réussissent avec classe et nonchalance le test du deuxième album, plus mûr et plus malin.
Maintenant que l’histoire du jeune groupe qui s’est fait connaître sur MySpace est franchement éculée, et que l’Angleterre a réussi à convaincre la moitié de la planète de la pertinence de sa love story avec ces quatre jeunes gens de Sheffield, écoutons le deuxième album des Arctic Monkeys, Favourite Worst Nightmare, avec ce que Ségolène Royal appellerait l’oreille juste . Résultat, ce disque des jeunes singes est encore meilleur que le premier. Le groupe a creusé le sillon qu’il avait joyeusement ouvert précédemment. De Brianstorm, morceau d’ouverture d’une rare évidence, à 505, apothéose semi-héroïque (option working class), Arctic Monkeys continue à raconter mieux que personne, et aussi bien que Mike Skinner des Streets, l’histoire de l’Angleterre du début des années 2000. Le pays que chantent ces gars du Nord est un pays réel, qui craque dru sous la semelle des baskets, rapport au bruit des pintes vides tombées au sol.
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Fluorescent Adolescent, tube plus qu’annoncé du disque, est une évocation juste et ironique, comme souvent chez eux, de la difficulté d’être jeune en Angleterre au bout de douze bloody mary. On pense aussi à This House Is a Circus, Teddy Pickers, D Is for Dangerous, ou Old Yellow Bricks qui, poussées aux fesses par la production futée de James Ford (de Simian Mobile Disco), mais aussi par le remplacement du gros poupin bassiste Andy Nicholson par un jeune homme moins sympathique mais plus efficace, brillent par leur urgence, leur réalisme et leur excellente tenue (de ville, mais le port de la veste de jogging est autorisé). On préfèrera aussi ce deuxième Arctic Monkeys parce qu’on y trouve, par endroits, l’envie chez l’omnipotent Alex Turner de dessiner un paysage plus complexe que celui qu’esquissait Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not.
Avec Only Ones Who Know, sur lequel Turner se rapproche étrangement du John Lennon solo en semi lévitation rapport à des excès de réverbe, ou encore sur Do Me a Favour, titre à double détente, c’est en effet une brèche nouvelle et complexe qui s’ouvre dans l’univers décidément passionnant de ces jeunes surdoués. Ceux qui n’aiment pas les singes n’ont pas fini de faire la grimace.
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